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Des primaires pour redonner des couleurs à la politique

La semaine dernière, sous l'influence des primaires socialistes françaises, l'idée d'organiser des primaires en Suisse a brusquement été reprise par certains candidats socialistes au conseil national et dans certains médias. voici l'article publié il y a trois semaines dans le Courrier à ce sujet.

On le sait depuis trente ans : les églises, les partis, les syndicats et toutes les institutions qui façonnaient la société et structuraient le vivre ensemble, ne cessent de perdre en légitimité et en représentativité. On le sait, mais on ne fait rien pour contrer cette érosion et chercher des idées nouvelles pour redonner à la politique le bien-fondé qui lui fait désormais défaut.
Ce vide institutionnel a pour effet de stimuler le populisme, que l’on peut voir comme une tentative désespérée de renouer avec le peuple le contact qui était auparavant assuré par ces institutions. Quand il n’y a plus d’intermédiaires entre le peuple et le pouvoir, on cherche la relation directe, immédiate, brute, avec tout ce que l’absence de médiation suppose d’excès et de dérives incontrôlées. Dans cet exercice, certains partis réussissent mieux que d’autres parce qu’ils ne sont pas emprisonnés par une histoire, des structures, une origine sociale ou une éthique qu’ils se sentent obligés de respecter.
Ce poids est particulièrement lourd pour les partis gouvernementaux du centre, PLR, PDC, et pour les socialistes dans une large mesure. Comment faire pour retrouver une représentativité, une légitimité, et donc une relation plus étroite avec leur base populaire ?

Une idée pourrait consister à arrêter de choisir les élus dans un petit cénacle de notables. Actuellement, le système permet qu’une douzaine de personnes seulement choisissent de fait le candidat au Conseil fédéral ou au Conseil d’Etat qui sera ensuite le représentant de ce parti au gouvernement. La procédure de sélection par une petit groupe puis le choix d’un candidat par une assemblée de délégués de 100 ou 200 personnes – et donc facilement influençable par 10 membres déterminés – fait qu’ensuite un ou deux noms sont proposés à des électeurs qui n’ont plus qu’à entériner sans avoir eu vraiment à choisir.
Ce mode de faire, qui était justifié lorsque les partis étaient des organisations de masse, donne l’impression d’être opaque, peu transparent, et accrédite l’idée d’un petit clan qui choisit pour les autres. Il décrédibilise encore plus la politique et la légitimité du choix démocratique. Dans une société de plus en plus individualiste, où chacun prétend agir et choisir à sa guise, cette procédure est toujours davantage ressentie comme une dépossession, une captation de la démocratie au profit de quelques-uns.
Or les Américains, et depuis peu les socialistes français, dont a beau penser pis que pendre, ont trouvé une solution intéressante à ce problème, celle des primaires. Aux Etats-Unis, pendant un an, tout le pays vibre, des majorettes géorgiennes aux paysans du Dakota, au rythme des primaires, qui sont un grand moment de vie démocratique. Et en France, malgré les quolibets de l’UMP et de Nicolas Sarkozy, les primaires socialistes focalisent l’attention des médias depuis des mois sur elles avant de devenir effectives auprès des électeurs, qui auront eu le temps de saisir toutes les nuances des programmes et des profils psychologiques proposés par les candidats. Et mine de rien, l’enjeu ne se réduit pas à une guerre des petites phrases car la procédure permet aux différents candidats de profiler et de se profiler sur les valeurs et les propositions de leur parti. Ce qui permet ensuite à l’électeur de se prononcer en meilleure connaissance de cause.
En Suisse, rien n’interdit de pratiquer des primaires dans les cantons. Et tant qu’à prendre le risque d’élire le Conseil fédéral par le peuple, faisons-le alors en toute connaissance de cause, avec des candidats que l’on aura pu connaître plus à fond, parce qu’ils auront déjà eu l’occasion d’affronter une primaire avant l’élection finale.
La dé-légitimation des partis et de la politique en général est telle que l’expérience mérite d’être tentée.
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