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Les indignés, l’humour en plus

Depuis des mois, de la Place Tahrir à la Puerta del Sol, de Tunis à Wall Street, les indignés occupent la rue et, avec un bonheur inégal suivant les commentateurs, les téléjournaux. Car je ne fais pas de grande différence entre un jeune vendeur de légumes tunisien qui s’insurge contre la bureaucratie policière de son pays qui veut lui interdire de tenir son échoppe, et les révoltés espagnols qui s’insurgent contre un système financier rapace qui leur a volé leurs économies avec la complicité de leur gouvernement élu.
Partout c’est le même cri de ras-le-bol, la même exigence de partage du travail, du pouvoir et des biens contre ceux qui les monopolisent, que ce soit sur le plan politique ou sur le plan économique. Les indignés sont donc des gens sérieux, qui s’occupent de choses sérieuses, et qu’il faut donc prendre au sérieux. Au dernier festival de philosophie qui s’est tenu à Genève en septembre dernier, et qui portait sur le thème de la résistance et de la révolte, plusieurs d’entre eux avaient été invités et sont venus témoigner du pourquoi et du comment de leur engagement.
Ce qui frappe d’abord, c’est leur calme, leur méthode, leur organisation. Certes, il y a bien eu quelques dérapages, comme durant les émeutes de l’été dernier à Londres. Mais d’une façon générale, on a plutôt l’impression que l’agitation, la nervosité, l’hystérie sont dans le camp d’en face, celui de la police et des notables installés, qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.

A la Puerta del Sol, l’occupation désordonnée s’est rapidement en action collective concertée : câbles pour recharger les portables indispensables à la coordination interne, distribution d’eau, tentes, organisation ininterrompue de débats et de discussions, tout s’est mis en place avec une grande force tranquille. Rien à voir avec l’image d’excités cagoulés qui veulent tout faire flamber. Faute de pouvoir montrer des images de casseurs du Black Block faciles à dénigrer, les caméras et les commentateurs sont restés penauds. Que veulent donc ces gens qui ne lancent même pas de pavés dans les vitrines ? Il a donc fallu leur opposer un autre argument: sympathiques ces indignés, mais ils ne proposent rien ! entend-on sur nos ondes dans la bouche de ceux qui ont tout et qui craignent donc pour leurs biens.
Non, les indignés d’aujourd’hui, à ce qu’il m’a semblé, ne sont ni des soixante-huitards attardés, ni des rêveurs de lendemains qui chantent, ni des incendiaires d’usines, ni des coupeurs de têtes. Ils n’ont pas de solution toute faite, ils le reconnaissent. Ces solutions, ils les cherchent ensemble, ils ne veulent pas les imposer, et c’est tant mieux.
L’amusant, dans toute cette histoire, c’est que la vague, loin de s’éteindre, ne cesse de gagner en ampleur, à tel point que ceux qui les avaient pris de haut au début commencent à rire jaune. Désormais, tout ce que la planète compte de puissants se presse au chevet des indignés. Le mépris et l’arrogance ont fait place à l’attention ostentatoire. C’est donc maintenant, bien davantage que lorsqu’ils devaient affronter la police, que les indignés ont du souci à se faire pour l’avenir de leur mouvement.
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