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La lune de miel russo-suisse continue

La semaine dernière, une mission économique romande de 35 personnes conduite par le conseiller d’Etat genevois Pierre-François Unger s'est rendue pour une visite de deux jours à Moscou. A la fin de la semaine, c’est plus de 40 hommes d’affaires romands qui ont visité pour la première fois Bakou, en Azerbaijan.
Au programme figuraient des visites au siège des grandes sociétés pétrolières, Lukoil d’un côté, Socar de l’autre (toutes deux présentes à genève à travers leurs importantes filiales de trading), une visite de la cimenterie Holcim près de Bakou, des rencontres avec les grandes entreprises locales et deux forums économiques avec des ateliers thématiques sur la finance, les conditions cadres et la formation/santé.
Pourquoi un tel intérêt, maintenant, pour cette région du monde alors que l’époque est plutôt à la morosité et au repli sur soi ?
La réponse est donnée par l’intense ballet diplomatique entre la Russie et la Suisse depuis quelque temps. En octobre, Mme Calmy Rey a rencontré le président Medvedev. Cet été, M. Schneider-Ammann et Mme Calmy Rey étaient à Moscou. Il y a deux semaines, Doris Leuthard a signé un accord de coopération avec le vice-ministre russe de l’énergie. Fin septembre, Suisses et Russes signaient un protocole à la convention sur la double imposition et un mémorandum d’entente sur la coopération dans le domaine financier. En clair, alors que la Suisse est en délicatesse avec l’Union européenne et en froid avec les Etats-Unis, la Russie et les pays de la CEI restent l’une des rares régions du monde où ils sont accueillis avec chaleur et sans suspicion. C’est plutôt agréable.

Et la Russie peut se révéler un allié sûr dans la stratégie de positionnement de la Suisse sur l’échiquier international. Avec la Chine, elle peut par exemple soutenir la candidature du président de la BNS, M. Hildebrand, à la présidence du conseil de stabilité monétaire. Un poste qui permet de siéger au sein du G7 et du G20 au milieu des chefs d’Etat et que la Suisse a toujours voulu occuper. Les chances pour que les Européens et les Américains acceptent une telle candidature sont minces, mais ça fait toujours plaisir d’obtenir des soutiens de pays qui ne sont pas des puissances négligeables.
Sur le plan politique comme sur le plan économique, la Suisse a tout avantage à diversifier ses partenaires, y compris en investissant dans les projets russes. Par exemple, les sociétés suisses, comme c’est déjà le cas par exemple pour le Groupe Valartis à Saint-Pétersbourg, pourrait investir dans le secteur russe du bâtiment, dont les besoins sont considérables. Un domaine qui concerne également les clean tech, les économies d’énergie, la production d’énergie renouvelable, le traitement des déchets et qui fait actuellement l’objet d’une attention soutenue tant des cantons romands que des autorités russes par le biais du projet de la cité de l’innovation Skolkovo. Idem pour le secteur de la finance, avec la volonté russe de développer son propre centre financier, indépendant des places financières anglo-saxonnes qui mènent la vie dure aux banques suisses et mènent un combat frontal contre le secret bancaire par gouvernements interposés.
Enfin, la Russie a besoin de la technologie suisse pour assurer sa transition entre une économie basée sur les matières premières et une économie moderne et compétitive. Avec la baisse de la consommation et l’approfondissement de la crise en Europe continentale, les entreprises suisses ont là aussi un potentiel d’accroissement de leurs marchés, en créant notamment des joints ventures avec des partenaires russes.
Reste malheureusement à vaincre le dernier obstacle, l’adhésion de la Russie à l’OMC, soutenue par la Suisse, mais qui est toujours bloquée par la résistance irréductible de la Géorgie. La semaine dernière toutefois, la Géorgie a laissé entendre qu'elle pourrait se rallier à la dernière proposition suisse et lever ainsi son opposition. On attend...

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