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Le Brexit, une victoire de la démocratie

Faut-il se lamenter parce que le Brexit a gagné? Évidemment non! Hier tout l'establishment européen et suisse nous prédisait le pire des destins si la Grande-Bretagne quittait l'Union.
Cette tragédie annoncée n'aura pas lieu, même si les prochains mois seront agités et si ce résultat va obliger les eurocrates et les élites globalisées à des révisions pénibles.
Première leçon: les Britanniques, fidèles à leur plus noble tradition, dont donné à l'Europe une leçon de démocratie. La Démocratie, si souvent invoquée par ceux qui répandent la guerre en Irak, en Libye ou en Syrie, a triomphé hier dans son expression la plus authentique, celle du vote populaire. Les peuples n'en peuvent plus de se voir infliger des politiques économiques et militaires qui sont décidées sans eux et contre eux. Il serait temps de commencer à les écouter.
Deuxième leçon: une fois la stupeur passée, les élites déstabilisées vont se reprendre et trouver des parades. Avant le vote, tout à été fait pour faire pression sur les électeurs britanniques afin qu'ils votent "correctement". Après le vote, tout sera fait pour minimiser l'impact de leur décision. L'establishment politique et financier qui s'est emparé des commandes de l'Europe ne va pas renoncer du jour au lendemain à ses privilèges. On peut donc parier qu'on trouvera rapidement des accommodements pour que le business continue "as usual".

Troisième leçon: ce vote va accroître encore le poids de l'Allemagne en Europe et renforcer le nouvel axe Berlin-Varsovie qui s'est mis en place pour imposer l'austérité à l'Europe du Sud et faciliter le bellicisme antirusse et le déploiement de missiles nucléaires américains en Roumanie et en Pologne contre la Russie. Les tensions géopolitiques vont connaître une nouvelle escalade. Le vote britannique marginalise encore davantage la France, l'Italie et l'Europe méditerranéenne dans l'Union à 27.
Quatrième leçon: des réformes vont avoir lieu, et c'est le point positif. La Grande-Bretagne n'est pas la Grèce et on ne peut pas s'asseoir sur son vote comme on l'a fait en France et aux Pays-Bas avec les référendums sur le Traité constitutionnel. Il va donc falloir s'attaquer, ou faire semblant de s'attaquer, aux racines du problème: inégalités croissantes, exclusion des couches sociales inférieures, manque de légitimité des dirigeants, politiques néolibérales exclusivement tournées vers un libre-échange qui pénalise les classes populaires, traités négociés de façon totalement opaques comme le TPP, militarisme masqué derrière de pseudo-partenariats pour la paix, etc. Il peut en résulter une redémocratisation et une légitimité nouvelle, et même une nouvelle Europe enthousiasmante si ce programme est réalisé sans mensonge ni détournement.
Cinquième leçon: la Suisse est entrée dans une période d'incertitude encore plus grande et ses relations avec l'Europe vont s'en trouver encore plus compliquées. Les impasses actuelles vont continuer et l'Union sans la Grande-Bretagne ne sera pas plus souple qu'avant. Au contraire, elle pourrait se crisper davantage. Les solutions mettront plusieurs années à se frayer un chemin. Mais ce n'est pas un drame et il nous faudra simplement apprendre à vivre dans cet environnement encore plus incertain que d'habitude. Après tout, nous avons déjà survécu à bien pire que le Brexit!

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