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Défilé de 40 chamois au bord d’un lac

17e étape - Refuge de Louvie-Col de Louvie-Grand Désert-Col de Prafleuri-Cabane de Prafleuri – Jeudi 23 août 2019
La journée commence à 7h45 par deux heures et demie d’une longue montée vers le col de Louvie, à 2921 mètres d’altitude. On grimpe à travers les alpages, des barres de rochers et des éboulis de gros rocs. On transpire un peu mais comme l’air est frais, c’est plutôt agréable. Au fur et à mesure qu’on prend de l’altitude, le paysage se fait plus dur, moins herbeux et moins fleuri, plus sauvage et plus pierreux.
Au col, on laisse derrière soi le versant verdoyant de Louvie pour entrer dans un univers complètement minéral, presque lunaire, fait de glaces, d’eau et de rochers. Le chemin crapahute au pied du Mont-Fort à travers les trois combes glaciaires qui descendent du massif de la Rosablanche et chapeautent le barrage de Cleuson en contrebas. On enjambe moraines, torrents, lacs glaciaires et rochers arasés que les glaces ont mis à nu en se retirant.
Comme à Corbassière, on se sent en haute montagne.
Après deux bonnes heures de montées et de descentes sous un ciel gris dans ce paysage désolé, on comprend mieux pourquoi cet endroit s’appelle le Grand Désert ! Le dernier col, celui de Prafleuri, culmine à 2987 mètres. Puis on redescend ensuite lentement vers la cabane de Prafleuri, qu’on atteint en une heure.
C’est encore tôt et comme le soleil perce à nouveau à travers les nuages, j’avise un petit lac aux eaux cristallines à un quart d’heure de marche du chemin, histoire de procéder à ma pause et à ma baignade rituelles de l’après-midi. Un endroit parfait pour se rafraichir et faire une sieste en toute tranquillité. A peine le temps ai-je le temps de sortir de l’eau qu’un couple de chamois avec leur petit déboule sur la crête. Je ne sais lequel des quatre est le plus surpris. Le mâle scrute l’intrus pendant de longues minutes avant de décider qu’il n’y a pas de danger. Le trio se met donc à brouter entre les rochers en descendant la pente.
Quinze minutes plus tard, c’est une invasion. Ces visiteurs étaient venus en éclaireurs: dix, puis vingt puis trente chamois avec leurs cabris se mettent à défiler tranquillement devant moi en broutant, en jouant, en se battant ou en se couchant à même la falaise, comme des vacanciers à la plage. Ce manège va durer une quarantaine de minutes pendant lesquelles je ne cesserai d’être observé par un trio de préposés au guet, qui me dévisagent avec un air interrogateur comique: mais qui diable peut bien être ce gaillard qui nous regarde assis sur un matelas de caoutchouc? De temps en temps, quand je me mets à bouger, l’un deux émet un petit sifflement et toute la troupe se fige en se tournant vers moi. Après une heure de ce manège, il commence à faire frais et je décide de lever le camp en douceur.

Ils se sont habitués à moi, et malgré mon gros sac coloré et mes bâtons, ne bronchent pas quand je passe près d’eux pour regagner le chemin. A une demi-heure de la cabane, je croise un randonneur français et lui montre la petite troupe de chamois, toujours occupée à brouter sur une crête. Il vient de voir quatre bouquetins sous le replat du glacier... Je pars à leur recherche sans les trouver. Mais à la tombée de la nuit, un d’entre eux viendra lécher le sel mis à sa disposition près de la cabane.
La cabane de Prafleuri vient de rouvrir après avoir dû fermer tout le mois de juillet à cause d’une désolante affaire de punaises de lit. L’hygiène y est désormais très stricte, pas question de récidiver. Il faut dire que le passage y est intense, en provenance du monde entier, Etats-Unis, Canada, Asie, et Europe naturellement. Sur la quarantaine de pensionnaires du jour, je suis à nouveau le seul Suisse, le premier autochtone qu’ils rencontrent depuis le début de leur périple, me confiera d’ailleurs un groupe de Canadiens qui fait la route Chamonix-Zermatt...

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