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Général - Page 19

  • En forte hausse: la haine de l'Occident!

    C’est un paradoxe : plus les marchandises et les services produits ou inventés par l’Occident sont conquérants, plus ses valeurs - la démocratie, le libéralisme économique, l’individualisme - sont répandues, et plus la haine de l’Occident croît. Le triomphe apparent de l’occidentalisation du monde ne doit en effet pas faire illusion. Le feu couve sous la cendre et derrière les vitrines des MacDo, les enseignes de Rolex et les militants des ONG chargées de vendre la démocratie et les droits de l’homme, la résistance s’organise. Ici, ce sont des talibans qui tiennent en échec les forces de paix – d’occupation ? – de l’OTAN ; là, ce sont des anciens colonisés qui réclament des compensations pour l’esclavage ; ailleurs ce sont des mouvements indigénistes qui se révoltent contre les vieilles dominations créoles.

    Il suffit de se promener sur un quai pendant les fêtes de Genève ou sur une plage de Phuket à Noël pour s’en convaincre. Ici, ce sont des flots de familles arabes avec leurs femmes voilées de noir qui déambulent et qui croisent des gens du cru, mais sans jamais se mélanger, sans se parler, ni même échanger un regard. Pas question de monter jusqu’à la Vieille Ville ou à la cathédrale (ce symbole chrétien !) ni de visiter un musée : le périmètre touristique est soigneusement délimité et ne dépasse pas les boutiques chic des Rues Basses. A Phuket, même image : des hordes de vacanciers envahissent les plages et les boîtes de nuit, mais pas question de s’enfoncer à plus de 10 kilomètres à l’intérieur des terres ou de visiter un temple bouddhiste. Le brassage des populations est à son paroxysme mais la curiosité pour l’autre, le désir d’échange, la volonté de le comprendre sont réduits à zéro.

    Dans le monde d’aujourd’hui, les cultures se frôlent mais ne se frottent plus les unes aux autres.

    Pour l’Occident, habitué à affirmer sa suprématie technique et militaire et la prépondérance de ses valeurs devenues universelles, le réveil pourrait être dur. D’une part parce que les anciens dominés ont appris à produire à meilleur coût et que l’avantage technologique n’est plus aussi déterminant et d’autre part parce qu’ils n’acceptent plus ses valeurs les yeux fermés. Les dominés d’hier ont appris à décoder les ruses de l’Occident. Ils savent que derrière la démocratie se cache un libéralisme économique qui profite au plus fort, que le discours des droits de l’homme joue en réalité sur les mots et que l’Occident met en avant les droits politiques individuels pour mieux escamoter les droits matériels collectifs, que l’ingérence pour sauver des peuples en danger a de forts relents de pétrole...

    Pendant deux siècles, l’Occident a inspiré la crainte mais aussi une sorte de respect moral, même aux pires moments de la colonisation. Au-delà des exactions et des exploitations, il était aussi porteur d’espoir et d’émancipation. Cette époque est désormais révolue. Car l’Occident fait de moins en moins peur, fût-il bardé de porte-avions et de boucliers anti-missiles. Mais surtout, il n’a plus de valeurs crédibles et respectables à proposer au reste du monde.

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  • Les Verts et l'UDC comme les autres!

     


    Succès électoraux et relative nouveauté sur la scène politique fédérale avaient conféré une aura particulière aux Verts et à l’UDC durant ces dernières années. A gauche, les Verts avaient réussi à imposer une nouvelle thématique – l’environnement – une nouvelle génération – des quadras urbains – et un nouveau style, moins « politicien » de faire la politique. A droite, l’UDC avait instauré une pratique inédite de la tactique tantôt gouvernemental tantôt d’opposition et ouvert la voie à un marketing particulièrement agressif de ses idées, qui avait secoué la rhétorique ronronnante des partis traditionnels.

     

    Tout cela est en train de voler en éclats. Et les deux partis les plus originaux de la politique suisse sont en train de perdre leurs singularités et de se normaliser à la vitesse grand V.
    Voyez les Verts dont les caciques se disputent la présidence. Fini le partage du pouvoir, jetée à la poubelle l’égalité homme-femme ! En renonçant au principe d’une co-présidence entre un Romand et une Alémanique au nom de l’efficacité managériale et de la « visibilité », les Verts rejoignent la ronde banale des autres partis. La lutte implacable pour le pouvoir à laquelle on a assisté entre Ueli Leuenberger et Franziska Teuscher n’a rien à envier aux sordides empoignades qui ont déchiré radicaux ou démocrates-chrétiens jadis. Quant aux magistrats verts, ils ont désormais rejoint le troupeau des notables ordinaires qui prospèrent dans la vie publique. A Lausanne et à Genève, Robert Cramer et Daniel Brélaz cumulent les mandats fédéraux et dans les exécutifs locaux, comme n’importe quel élu radical, socialiste ou démocrate-chrétien de la grande période. Et le syndic de Lausanne doit se livrer à toutes sortes de contorsions pour expliquer qu’en fait, toutes choses égales et compte tenu des heures qu’il consacre à sa charge, il n’est pas le maire le mieux payé du pays…
    Je ne jette pas la pierre, car à mes yeux les Verts ont droit au même traitement que les autres, mais avouons qu’on est loin de la frugalité originelle revendiquée par ce parti.
    Quant à l’UDC, elle aussi rentre dans le rang. La gifle magistrale et parfaitement inattendue qu’elle a reçue le 12 décembre avec l’éviction de Christoph Blocher du Conseil fédéral l’a fait redescendre de son Olympe et renouer avec le destin ordinaire des partis, à savoir l’échec et l’humiliation périodiques. Et comme les autres partis après la défaite, il lui faudra apprendre à gérer les pannes de stratégies, la remise en question des chefs et les divisions internes.

    En quelques mois, sans doute à cause même de leurs succès respectifs, les Verts ont perdu leur originalité et l’UDC son invincibilité. Cela serait très téméraire d’en déduire qu’ils ont déjà entamé leur déclin. Au contraire, leur potentiel de croissance reste important car ils peuvent encore tirer de l’énergie et des ressources de leur nouvelle situation en recourant à toutes les ficelles habituelles des partis traditionnels. Mais on peut simplement en conclure qu’ils ne sont plus des exceptions et qu’ils sont soumis, comme les autres, aux vicissitudes ordinaires de la vie politique.

    (Texte paru dans l'Agefi du 5 mars 2008)

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  • Le doux gazouillis des FA/18

    Avez-vous déjà écouté le doux ronronnement des FA/18 le soir au fond des bois? Toutes celles et tous ceux qui l'ont fait n'ont plus de doutes et voteront oui à l'initiative de Franz Weber contre le bruit des jets militaires.

    Reconnaître cette évidence, dans mon cas en tout cas, n'a rien d'un vote sanction contre l'armée ni contre l'aviation militaire en particulier. Mais c'est un fait que le FA/18 est un avion particulièrement inadapté à nos conditions géographiques, non seulement à cause du bruit (il est beaucoup plus bruyant que les précédents Tigers ou Mirages à cause de la poscombustion nécessaire à son décollage) mais aussi de la pollution qu'il engendre (sa consommation varie entre 3500 litres de kérosène à l'heure selon l'armée à 12 000 litres selon le calcul plutôt réaliste des opposants) et parce qu'il est davantage conçu pour de grands espaces (les Etats-Unis ou les océans) que pour un petit pays alpin.

    Enfin, il n'est pas non plus équitable que l'armée ayant réduit ses aérodromes d'entraînement de 15 à trois, deux des places de vol subsistant se trouvent en Suisse romande (Sion et Payerne, le troisième se situant à la frontière du Valais, à Meiringen dans l'Oberland bernois). Après tout, s'il faut supporter ce bruit infernal, que ce soit au moins de façon équitable entre Romands et Alémaniques. On voit bien le calcul: en réduisant le nombre d'aérodromes et en faisant voler les avions pendant la semaine, on évite de heurter les oreilles des citadins qui ne fréquentent la campagne et la montagne que le week-end.

    Pour ces raisons, le soir au coin des bois, je préfère encore le rugissement déchaîné des rouge-gorge au gazouillis des FA/18...

     

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