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Planète bleue - Page 110

  • L'innovation et le projet Praille, meilleurs antidotes à la crise

    Barack Obama dévoilera les détails de son plan de relance contre la crise lors de son investiture le 21 janvier. Mais d’après ce qu’il a déclaré pendant sa campagne électorale, on sait que ce plan comptera une série de programmes en faveur des énergies nouvelles et des technologies du développement durable. Miser sur le futur, l’orienter et lui donner un sens, apparaît en effet comme la plus efficace des mesures de relance pour une économie développée.

    La Suisse, et Genève en particulier, feraient bien de s’en inspirer. La construction tous azimuts d’infrastructures – liaison ferrée Cornavin-Annemasse, tram de Bernex, zone de logements d’Ambilly – pour utiles qu’elles soient à la préservation des emplois traditionnels, ne donne pas encore un sens, un contenu, une âme forte à la région. Le développement des infrastructures est une condition nécessaire mais pas suffisante à l’avenir d’une communauté humaine.

    Or la crise est une opportunité fantastique, comme disent les Chinois qui utilisent le même mot pour signifier les deux choses, pour projeter Genève loin dans le XXIe siècle. Le projet de développement du quartier de la Praille-Acacias-Vernets-Jonction, qui menace déjà de s’enliser dans les procédures de déclassements de zone et de plans de quartier et les rivalités de promoteurs qui rêvent de se partager le gâteau, est une occasion unique de redéfinir pour les décennies à venir ce qu’on a appelé « l’esprit » de Genève, à savoir un cocktail unique d’innovation et de cosmopolitisme, de science et de talent entrepreneurial, de réflexion éthique et de haute tradition financière.

    La base est déjà là, à savoir une université hautement compétitive dans toutes sortes de domaines y compris dans les sciences dures, la physique et la médecine par exemple, domaines où elle dépasse de loin l’EPFL. Ses chercheurs sont réputés loin à la ronde et, qui plus est, ne sont pas fermés du tout à la collaboration avec l’économie privée. Le projet de créer un centre de recherche commun avec l’Université de Lausanne et l’EPFL à la Jonction sur la modélisation du cerveau va dans le bon sens, à condition qu’elle ne soit pas juste un cheval de Troie pour pomper les ressources locales sans aucune valeur ajoutée nouvelle pour la région lémanique.

    Mais presque tout reste à faire et c’est ce qui rend le projet passionnant : en premier lieu, créer un campus commun université-HES avec un regroupement des HES sur le site et une vraie mise en réseau des institutions, éclatées et séparées aujourd’hui. Ce projet passe par la création de milliers de logements pour les étudiants des diverses filières, de façon à créer une masse critique. Et en deuxième lieu : mettre tout ce beau monde en interaction avec les entreprises et les milieux financiers, en y installant incubateurs d’entreprises, fonds de capital risque et centres de recherche privés.

    Depuis bientôt 300 ans, ce cocktail détonant a fait la force de Genève. Il n’y a pas de raison de rater la prochaine occasion de le faire exploser à nouveau. C’est le rôle de l’Etat de donner l’impulsion de départ et de canaliser les énergies et les ressources. Il n’a pas besoin d’en faire plus. Mais il faudrait qu’il se réveille…

     

     

     

  • Les marins, ces derniers héros

    Le sauvetage spectaculaire de Jean Le Cam par son concurrent Vincent Riou dans les eaux glacées du Cap Horn redonne vraiment du baume au coeur en ce début d'une année qui s'annonce difficile. C'est la deuxième fois qu'un navigateur se déroute pour porter secours à l'un de ses rivaux en difficulté dans la course du Vendée Globe. Les marins seraient-ils les derniers héros de notre temps, courageux, solidaires et libérés de cette funeste contrainte de gagner?

    On le dirait bien.

    Après des années d'apologie des grands patrons et d'odes aux bonus et aux salaires extravagants des tycoons de la finance censés incarner ce qui se fait de mieux en matière d'ambition humaine, le désintéressement d'hommes solitaires livrés à la furie des éléments fait plaisir à voir et tranche sur les turpitudes et la cupidité des Maddof et autres Ospel.

    Merci aux Wavre, Stamm, Le Cam, Le Cléac'h, Jourdain, Desjoyaux  et à ces fous qui nous rappellent ces vérités élémentaires!

  • Du respect, que diable!

    Qu’il y a-t-il de commun entre des émeutes entre des policiers et des jeunes en Grèce, l’expulsion temporaire de trois députés au Grand Conseil de Genève, un patron qui part avec la caisse après avoir mis son entreprise en faillite et la fouille anale au petit matin d’un ancien directeur de Libération accusé de diffamation ? Le respect, et surtout, le manque de respect.

    Il y a quelques années, le maire de la petite commune genevoise d’Avusy avait lancé une campagne de petits autocollants, qu’on retrouve encore sur les affiches genevoises, pour inciter ces grandes gueules de Genevois au « respect ». Il avait fait sourire mais il avait visé juste.

    Quand un policier abat un jeune sans trop réfléchir, quand des députés s’en prennent systématiquement à leurs collègues, quand une juge se venge sur un journaliste, quand un patron de banque sort son parachute doré après avoir mis ses employés et ses clients dans le rouge, tous ces actes expriment à la base un manque de respect, voire un besoin d’humilier et de rabaisser l’autre qui peuvent parfois aboutir aux  plus extrêmes conséquences, comme en Grèce où le pays entier est entré en ébullition.

    Nous vivons en effet dans une société paradoxale. D’un côté, tout est policé, réglementé, réglé comme du papier à musique. Les moindres actes de la vie en société sont encadrés par la loi et les règlements, de l’usage du klaxon à la hauteur des haies. Et de l’autre, jamais les relations entre les individus n’ont été aussi brutales, rugueuses, agressives. On dirait que la muflerie, la goujaterie et la vulgarité tiennent le haut du pavé. L’encadrement légal est omniprésent, les droits de l’homme sont sur toutes les lèvres, les avocats bataillent sur tous les fronts pour faire respecter les droits des personnes mais ces personnes sont elles-mêmes constamment au bord de l’explosion et de la crise de nerf. Une remarque, une porte qui claque, un frôlement intempestif dans un tram bondé, n’importe quelle étincelle semble prête à mettre le feu aux poudres.

    Je ne sais pas s’il existe un remède à cet échauffement permanent des relations sociales. Mais je sais que dans l’histoire toutes les grandes civilisations ont élaboré, à côté de leur arsenal militaire, légal et institutionnel, des codes et des idéaux de comportement pour les individus. Les unes ont valorisé l’esprit chevaleresque, l’amour courtois ou cultivé l’honnête homme, les autres ont privilégié le sens de l’honneur, la galanterie ou la bienséance bourgeoise. Et leurs écrivains, philosophes et poètes ont exalté l’amabilité, les bonnes manières, la civilité, la courtoisie, la distinction, l’éducation, le tact, l’urbanité, la politesse. Je n’ose articuler le mot gentillesse car je risquerai de passer pour un benêt « cucul ». Mais peu importe le vocabulaire. C’est tant mieux si les mots ne manquent pas pour exprimer le savoir-vivre. Reste à les mettre en actes, élus et forces de l’ordre en tête !