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Planète bleue - Page 3

  • Des nouilles à la voiture qui fait trembler Tesla. Un reportage au Vietnam

    C’est une histoire qui commence par un restaurant de nouilles en Ukraine en 1993 et qui continue aujourd’hui au Vietnam sous la forme du premier conglomérat du pays avec un chiffre d’affaires de 5 milliards de dollars en 2021. Entretemps, son fondateur, Pham Nhat Vuong, 54 ans, qui s’était établi à Kharkov après avoir terminé ses études de géologie à Moscou, est devenu le premier milliardaire vietnamien avec une fortune estimée à 8 milliards de dollars et un groupe qui compte parmi les 50 plus grands d’Asie. Une trajectoire qui n’a rien à envier à celle des garages de Bill Gates et Steve Jobs.

    Après avoir vendu son usine ukrainienne de produits alimentaires pour 150 millions de dollars à Nestlé en 2000, l’entrepreneur est rentré à Hanoï où il a commencé par investir très classiquement dans l’immobilier et la construction, puis le commerce de détail, les stations balnéaires, le textile, les télécoms, la médecine, l’électronique, l’enseignement universitaire et depuis 2018 dans les voitures, les scooters et les autobus électriques, sous les marques VinFast et VinBus.

    Cette même année, le groupe investit 1,3 milliard d’euros dans la construction d’une mégafabrique de voitures dans la zone industrielle de Haiphong, proche du port, sur un site de 335 hectares. Les usines sont achevées deux ans plus tard et, depuis 2020, malgré la crise du Covid, elles ont entamé la production en série de modèles électriques haut de gamme. Le design est assuré par l’italien Pininfarina, la plate-forme d’assemblage par les allemands BMW et Siemens, les 1200 robots de montage par ABB et la direction des opérations par d’anciens cadres de General Motors, Ford ou Skoda.

     

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  • Voyage sur le front de la Mer Noire

    Si l’on entend beaucoup les pays Baltes et la Pologne dans le conflit en Ukraine, les pays du front sud sont en revanche très discrets. Un forum sur la paix et la neutralité à Chisinau et diverses rencontres organisées à l’occasion des élections bulgares du 2 octobre m’ont permis de visiter la Moldavie, la Roumanie et la Bulgarie au début du mois. Le moins qu’on puisse dire est que j’en suis revenu avec des sentiments mitigés, et même assez accablé par le climat de déréliction dans lequel semblent baigner les peuples de ces pays.

    Exiguë, enclavée, sans ressources naturelles, vivant essentiellement de sa production agricole et viticole, coincée entre les grands voisins roumain et ukrainien d’une part et tiraillée entre ces géants que sont l’Union européenne et la Russie d’autre part, la Moldavie, avec ses trois petits millions d’habitants, est sans nul doute le plus mal loti des trois. Mais elle y est habituée et ne s’en formalise pas trop. Les Moldaves savent que l’histoire et la géographie les ont placés au mauvais endroit. Comme le fait remarquer ce conseiller de la présidente pro-européenne Maya Sandu, « c’est seulement la deuxième fois en mille ans que nous vivons trois décades consécutives d’indépendance et de paix. » Entre les Mongols, les Turcs, les Polonais, les Cosaques, les Russes, les Roumains ou les Allemands, la Moldavie a enchainé les invasions, répressions, déportations et guerres entre voisins.

    Le pays est profondément divisé, politiquement et géopolitiquement, constate-t-il. Trois camps s’affrontent, les atlantistes pro-européens de Maya Sandu, actuellement au pouvoir, les socialistes jugés pro-russes de l’ancien président Igor Dodon, et le parti Egalité, de tendance conservatrice mais pro-russe lui aussi, fondé par l’oligarque Ihor Shor actuellement réfugié en Israël et qui organise depuis plusieurs mois des manifestations anti-gouvernementales devant le parlement. Un sondage récent a montré que 43% de la population s’exprime exclusivement en russe sur son portable. « Comment trouver une majorité pour voter pro-Moldave ? », se demande-t-il avec ironie.

    Il a parfaitement conscience de vivre dans un pays attachant mais impossible. Il me cite en exemple la fameuse Transnistrie, russophile à 200% et censée être l’ennemie du pouvoir, mais sans laquelle ce même pouvoir ne pourrait vivre puisque la province rebelle fournit l’essentiel de son gaz et de son électricité. Approvisionnée en gaz russe à travers l’Ukraine (malgré la guerre), Tiraspol le revend en effet à Chisinau tout en le brûlant pour faire tourner une aciérie dont la production est achetée par l’Union européenne ! Sauf que ce gaz n’a jamais été payé depuis trente ans, ni par les uns ni par les autres, si bien que le montant cumulé de la dette envers Gazprom atteint 7 milliards de dollars (60% du PNB moldave), dette qui deviendrait immédiatement exigible en cas d’adhésion du pays à l’UE.

     

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  • En route vers la troisième guerre mondiale

    En route vers la troisième guerre mondiale

     

    Par Guy Mettan, journaliste indépendant

     

    Cette fois, l’ours russe est fâché. Et quand l’ours russe est fâché, il frappe tous azimuts, sans relâche et sans retenue. Seule manière d’apaiser sa colère : se coucher face contre terre, mettre les mains sur la nuque et espérer que ça passe rapidement. Le régime ukrainien, enhardi par ses récentes victoires et les encouragements armés de l’Occident, est en train d’apprendre à ses dépens cette élémentaire vérité. La Russie est désormais en guerre et elle ira jusqu’au bout quel qu’en soit le prix. Et comme l’Occident sous influence américaine n’entend pas renoncer à « affaiblir » l’ennemi russe jusqu’à son implosion finale, les dés paraissent jetés. La montée aux extrêmes est devenue inarrêtable, si bien qu’on peut désormais voir cette guerre d’Ukraine comme un prélude régional à un embrasement plus général, comme une étape vers une troisième guerre mondiale dont l’Europe sera une fois de plus le théâtre et la victime.

    Quelques faits d’abord.

    Il est très difficile de chiffrer l’aide militaire à l’Ukraine, certaines livraisons n’étant pas communiquées ou se faisant de gré à gré sans passer par des votes parlementaires publics. Il est aussi difficile de distinguer le militaire de « l’humanitaire » ou du soutien financier aux dépenses courantes de l’Etat ukrainien. Mais selon diverses sources, en huit mois de guerre, les Etats-Unis ont voté 54 milliards de dollars d’aides diverses à l’Ukraine dont la moitié pour des armements. Fin août, 14 milliards d’armements directs étaient attestés. A cela il faut ajouter 30 milliards d’euros alloués par les pays européens, dont au moins 10 en livraisons d’armes. Soit plus trois milliards par mois et près de cinq fois le budget militaire annuel ukrainien en quelques mois! Nul doute que la riposte russe au sabotage de Nordstream et à l’attentat contre le pont de Crimée va encore accentuer la cadence des fournitures militaires à Kiev. (Voir Connor Echols, By the numbers : Keeping track of the single largest arms transfer in US history, September 18, 202, www.responsiblestatecraft.org et Waffen, Kredite, Hilfsgüter : Welche Länder unterstützen die Ukraine am meisten ? Tagesspiegel, 31. August, 2022.)

     

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