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Planète bleue - Page 6

  • Avec Jean-Jacques sur l’île Saint-Pierre coupée du monde

    Morat - Sugiez - Anet - Vilnetz - Cerlier - Ile Saint-Pierre – 24 et 25 juillet 2021

    Après la dégustation de millésimes russes à Sugiez, on se sent pousser des ailes et le trajet jusqu’à Cerlier est avalé dans l’allégresse. La bourgade commande l’accès à l’île Saint-Pierre et le promeneur solitaire que je suis se doit d’y aller rendre hommage au grand Jean-Jacques. La canicule de cet été a fait oublier que juillet de l’an dernier fut l’un des plus arrosés de la décennie.

    Faute d’hôtel, j’ai trouvé à me loger au camping, dans une des rares caravanes qui a échappé à aux inondations. A mes pieds, le chalet de la réception baigne dans l’eau. Le chemin qui mène à Saint-Pierre, complètement inondé, est fermé. Qu’importe ! Un habitant du village venu avec son paddle et sa rame pour visiter son cabanon m’assure que la hauteur d’eau ne dépasse pas cinquante centimètres. J’attache mes chaussures autour du cou et me jette à pieds nus dans l’eau. Quelques centaines de mètres plus loin, me voici seul au milieu des roseaux et des arbustes qui bordent la voie. Sensation étrange et jouissive que celle de barboter dans l’eau tiède jusqu’aux genoux, en compagnie de foulques, de cygnes, de poissons et de milliers d’alevins qui s’éparpillent à toute allure entre les pieds. On se croirait presque en Amazonie, les crocodiles en moins.

    Après une heure à patauger, le chemin s’élève et je retrouve la terre ferme. L’île est déserte, silencieuse. L’hôtel-restaurant du Cloître est fermé. Un chevreuil s’ébat gaiement dans une clairière. Depuis quinze jours, il n’a plus vu d’être humain. Des vaches broutent paisiblement. Dans une petite anse à l’abri de deux hêtres majestueux, un buste de Rousseau rappelle qu’en 1765 le grand philosophe genevois a vécu dans ces bois et ces champs des émois parmi les plus heureux de sa vie. Eprouvant cette même sensation d’être seul au monde qu’il a ressenti après avoir dû fuir le village de Môtiers dont les habitants l’avaient caillassé, je comprends pourquoi Rousseau a été si inspiré par cette île et l’a fait connaître à toute l’Europe.

     

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  • Dégustation de crus russes au cœur du Vully

    Fribourg - Granges-Paccot - Courtepin - Morat - Sugiez - 23-24 juillet 2021

    Le train de 8h28 m’amène de Villarimboud à la gare de Fribourg et, de là, un bus me dépose aux Portes de la ville. Après deux petits kilomètres, j’emprunte le chemin pédestre qui mène à Morat. Très vite la chaleur, la lassitude, l’ennui, les crampes me terrassent. Sur cette portion du Plateau suisse, le sentier n’offre aucun attrait. On traverse des campagnes semi urbanisées où les champs de blé et de maïs alternent avec des zones industrielles, une autoroute, des quartiers de villas neuves et des jardins rasés par des tondeuses automatiques qui traquent le moindre brin d’herbe pendant que leurs propriétaires sont en vacances ou au bureau. Pas la moindre âme qui vive à l’horizon. Aucun « Grüesser » enjoué pour le voyageur esseulé. Apparemment, je suis le seul à être assez fou pour emprunter ce chemin aujourd’hui.

    Je me traine donc comme une âme en peine, en maudissant mon entêtement à vouloir marcher ainsi au milieu du néant. Soudain un merle semble avoir senti ma détresse. A l’orée d’un bois, il vient se poser à côté de moi et m’accompagne par petits bonds, pendant cinq longues minutes, comme s’il voulait me montrer la fin de l’épreuve…

    Voici enfin Meyriez et le monument qui commémore la fameuse bataille de Morat, qui a vu la défaite des troupes de Charles le Téméraire en juin 1476. Les gémissements des soldats qui étouffaient de chaleur dans leurs cuirasses pendant que les Confédérés furieux les transperçaient de leurs hallebardes ou les faisaient périr noyés dans le lac se sont tus depuis longtemps. Cinq siècles et demi ont passé. Mais on devine que leur sort n’a pas dû être agréable. Du coup, mes petites souffrances de pèlerin du XXIe siècle apparaissent ridicules et je monte vers la vieille ville de Morat sans me plaindre. Mon hôtel, adossé aux remparts, s’avère bien choisi. Les redoutables envahisseurs bourguignons et lansquenets suisses ont cédé la place à de pacifiques Indiens qui mitonnent des petits plats au curry fort passables.

     

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  • De la Singine chaude aux libertaires fribourgeois

     

    Lac Noir - Zollhaus - Planfayon - Rechthalten – Saint-Ours - Bourguillon – Fribourg

     

    Départ en douceur un peu avant neuf heures en suivant le cours de la Singine dite « chaude » qui s’écoule du Lac Noir. Ses eaux sont plus tempérées que la Singine « froide » qui, elle, descend du lagon bernois de Gantrisch, situé 500 mètres plus haut et moins exposé au soleil. Les deux bras de la Singine se rejoignent à Zollhaus, un lieu-dit qui abrite aujourd’hui une immense scierie et semble avoir perdu depuis longtemps sa fonction de douane.

    Le sentier suit le lit de la rivière à l’ombre des arbres et fait profiter le randonneur de la fraîcheur de l’eau. Les premières heures de marche sont d’autant plus agréables que mes crampes semblent avoir décidé de ne pas trop me torturer ce matin.

    A Planfayon, seul le café est ouvert. Depuis hier, la température a augmenté d’une dizaine de degrés et le thermomètre flirte avec les 30 degrés. La traversée du plateau s’annonce rude. Les côtes sont peu élevées mais font beaucoup transpirer. A Rechthalten, le restaurant affiche complet. Faute de terrasse, il faudra se contenter d’un champ récemment fauché, en compagnie d’un renard que le bruit des botteleuses et des moissonneuses-batteuses qui s’ébrouent au loin ne semble pas déranger.

    Les montagnes ont disparu. A l’approche de Fribourg, les villages se garnissent de zones résidentielles. Le chemin quitte les prairies et les champs de blé pour s’enfoncer dans des quartiers de villas, sans transition. Hier encore, du blé, du foin ou du seigle poussaient peut-être sous ces immeubles et ces gazons ripolinés.

    A Saint-Ours, une terrasse ombragée offre ses chaises confortables. Trop tard. Le patron vient de fermer sa caisse et fait ses comptes avec son employé. Il s’apprête à baisser le rideau pour trois semaines. Il part cet après-midi même en Turquie. Quarante heures et 2800 kilomètres de route l’attendent jusqu’à Ankara. Qu’à cela ne tienne ! Il vient d’un pays où l’on ne transige pas avec les lois de l’hospitalité. Il m’offre une bière limonade bien fraîche et s’engouffre dans sa voiture chargée à ras bord. Sa terrasse est à ma disposition. Je n’aurai qu’à poser les bouteilles vides dans un coin en partant.

    Encore un dernier effort pour atteindre Fribourg par la route de l’est. Le chemin des gorges du Gottéron est fermé à cause des intempéries. Enfin, du sommet de Bourguillon, on aperçoit la cathédrale Saint-Nicolas à travers les frondaisons. Reste à descendre jusqu’à la Sarine, au fond de la gorge, en traversant les impressionnantes fortifications médiévales qui marquent l’entrée dans la ville basse, avant de remonter à l’Hôtel de Ville.

    Sur la place, j’appelle mon ami Francis qui doit venir me chercher pour partager une fondue chez lui, dans la Glâne, à une quinzaine de kilomètres de Fribourg.

     

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