En route vers la posthumanité
Les civilisations, comme les espèces, sont mortelles. C’est un truisme. Dès lors la question se pose : qu’y aura-t-il après l’homme ? Ou plus précisément, compte tenu de notre manie irrépressible de vouloir façonner le futur : que faudrait-il qu’il y ait après l’homme ?
Poser cette question, c’est déjà tirer un trait sur tout ce qui a plus ou moins sous-tendu la grande marche humaine depuis des siècles, à savoir l’humanisme, cette doctrine qui met la personne humaine au centre, sinon au-dessus de tout le reste (la nature et les animaux pour certains, Dieu pour d’autres). S’il n’a pas tout à fait réussi à pacifier l’homme et à l’élever au-dessus de sa condition, l’humanisme est malgré tout à l’origine de remarquables succès : on lui doit la culture, les arts, la science, une certaine éthique à l’égard de lui-même et des autres. Mais tout indique aujourd’hui que l’humanisme traditionnel est arrivé à bout de souffle.
L’holocauste et d’autres génocides ont fait douter de la capacité de l’homme à respecter la personne humaine. Et la tendance à un matérialisme effréné, qui gomme toute aspiration à la spiritualité et qui méprise les autres catégories du monde vivant, les animaux et les végétaux, met tous les jours en évidence les failles du vieil humanisme. La consommation comme horizon indépassable de la vie humaine, n’est pas un humanisme.