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Philosophie

  • En route vers la posthumanité

    Les civilisations, comme les espèces, sont mortelles. C’est un truisme. Dès lors la question se pose : qu’y aura-t-il après l’homme ? Ou plus précisément, compte tenu de notre manie irrépressible de vouloir façonner le futur : que faudrait-il qu’il y ait après l’homme ?
    Poser cette question, c’est déjà tirer un trait sur tout ce qui a plus ou moins sous-tendu la grande marche humaine depuis des siècles, à savoir l’humanisme, cette doctrine qui met la personne humaine au centre, sinon au-dessus de tout le reste (la nature et les animaux pour certains, Dieu pour d’autres). S’il n’a pas tout à fait réussi à pacifier l’homme et à l’élever au-dessus de sa condition, l’humanisme est malgré tout à l’origine de remarquables succès : on lui doit la culture, les arts, la science, une certaine éthique à l’égard de lui-même et des autres. Mais tout indique aujourd’hui que l’humanisme traditionnel est arrivé à bout de souffle.
    L’holocauste et d’autres génocides ont fait douter de la capacité de l’homme à respecter la personne humaine. Et la tendance à un matérialisme effréné, qui gomme toute aspiration à la spiritualité et qui méprise les autres catégories du monde vivant, les animaux et les végétaux, met tous les jours en évidence les failles du vieil humanisme. La consommation comme horizon indépassable de la vie humaine, n’est pas un humanisme.

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  • Liberté, solidarité, inégalité

    Les élections présidentielles françaises viennent de s’achever. On aura beaucoup parlé de la République et de ses valeurs, et de ceux qui prétendent les respecter ou qui sont supposés les trahir. Et nul doute que les valeurs républicaines seront encore très en cour pendant les législatives. Aux Etats-Unis, les primaires républicaines viennent de s’achever et l’on aura aussi beaucoup évoqué les libertés, à défaut de la liberté.
    Mais restons à la France et à la devise de la République depuis la Révolution : Liberté, Egalité Fraternité. Il est étonnant de constater que si la liberté et la fraternité – du moins dans sa version plus moderne de solidarité – sont restés des thèmes prisés de campagne électorale, l’égalité a en revanche complètement disparu des discours. Mélenchon y a fait référence, pour dénoncer les salaires mirobolants des patrons, mais sans développer ni la présenter comme une valeur en soi. Tandis que la liberté fut dans toutes les bouches, surtout à droite, et la solidarité (fraternité) dans toutes celles de gauche.
    Pourquoi cet oubli ? En cette année du 300e anniversaire de sa naissance, il faut revenir à Rousseau.

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  • Nouvelle Némésis médicale?

    C’est en 1975 qu’Ivan Illich, dans son petit essai intitulé la Némésis médicale, dénonçait les dérives d’un système médical devenu fou. Il y montrait comment l’entreprise médicale, devenue incontournable, mettait en danger notre société en expropriant en quelque sorte le malade de sa maladie, en imposant un système extrêmement coûteux mais impuissant à réduire dans les faits la morbidité générale et en rendant l’individu dépendant et désarmé face aux techniques et aux pouvoirs sacralisés de la médecine.
    37 ans plus tard, où en est-on ? Lucidement, on doit admettre que le système, loin de se corriger, a encore accentué ses défauts. Seule évolution manifeste : dans une société obsédée par son vieillissement, les critiques se sont déplacées du tout vers les parties, vers les acteurs pris isolément : caisses maladie, Etat incapable de réguler, hôpitaux démesurés, multinationales pharmaceutiques et, plus rarement, vers le corps médical.
    Je suis de ceux qui pensent que la santé est un secteur économique très honorable, et même bien plus honorable et utile que beaucoup d’autres tels que l’industrie d’armement ou le blanchiment d’argent dans les paradis fiscaux. Et je suis convaincu qu’il est un des atouts majeurs de la Suisse, laquelle, grâce à ses pharmas, ses cliniques, ses médecins de pointe, peut à la fois assurer un haut niveau de vie à sa population et attirer des clients extérieurs.
    Mais en même temps il faut reconnaître qu’il existe, dans le secteur de la santé, une surchauffe, une course en avant, des excès d’investissements qui peuvent s’avérer tout aussi explosifs, à long terme, que les bulles immobilières et financières l’ont été récemment.

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