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Planète bleue - Page 15

  • Bons baisers d’Irkoutsk

     

    Comment le roman « dans les geôles de Sibérie » tord la réalité. Contre-enquête de Félix Baumann, Suisse résidant à Irkutsk où il a fondé une école de langues

     

    « Dans les geôles de Sibérie » a été publié en février 2020 par Yoann Barbereau, ancien directeur de l’Alliance française à Irkutsk. A sa sortie, le roman a fait beaucoup de bruit et nombre de médias ont donné la parole à son auteur, qui fustigeait le « régime de Poutine ». La réalité est quelque peu différente…

    Dans ce roman autobiographique, Yoann Barbereau donne sa version des faits concernant l’affaire qui lui a valu une condamnation par coutumace de 15 ans de colonie pénitentiaire en 2016 pour diffusion de matériel à caractère pornographique et raconte sa fuite de Russie. Très présent dans les médias, il se présente comme une victime des services secrets russes, du système judiciaire russe ainsi que des relations politiques franco-russes. Il se livre aussi à une critique acerbe du ministère des Affaires étrangères français ainsi que de l’Ambassade de France à Moscou.

    Suite à une décision du tribunal administratif de Paris, l’Etat français a par ailleurs été condamné à lui verser 300 000 euros pour ne pas avoir appliqué la « protection fonctionnelle » jugeant que la procédure qui le visait « s'inscrivait dans un contexte de poursuites concomitantes menées par les autorités russes contre le réseau des alliances françaises installées sur le territoire, et visait en réalité le requérant en raison de ses fonctions et de la coopération qu'elles impliquaient avec les autorités locales » (France Bleu 24 avril 2020).

    Fêté comme un héros par la presse française, invité sur les plateaux de télévision, l’autoproclamé meilleur Directeur de l’Alliance française d’Irkoutsk de tous les temps n’a pas laissé que de bons souvenirs sur place. Contrairement à ce qu’il crie sur tous les toits, son bilan professionnel à la tête de l’Alliance française d’Irkoutsk est catastrophique. Alors que le portrait d’un Casanova assoiffé de liberté cavalant à travers les plaines de Russie séduit les lectrices et lecteurs de son roman, on a dans les faits plutôt affaire à un mari volage parfois violent (voir le témoignage de son ex-épouse sur Radio Svoboda du 28 novembre 2017).

     

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  • Kaboul, la défaite de Varus et l’économi

    Il y a exactement 2012 ans, en septembre de l’an 9 de notre ère, l’armée la plus puissante du monde connaissait une défaite sans précédent dans la sombre forêt de Teutobourg. Un chef germain, Arminius (Hermann dans la mythologie allemande), obscur officier formé dans les armées impériales romaines, avait « trahi » ses maitres et réussi à coaliser des tribus germaines d’habitude rivales et à détruire dans une guerre de guérilla et d’embuscades les meilleures légions du général Varus, lieutenant fidèle d’Octave Auguste, premier empereur d’un empire au sommet de sa puissance.

    Le choc de la défaite fut tel que, aux yeux des historiens d’aujourd’hui, cet événement est considéré comme la plus grande défaite de l’histoire romaine et comme un « point tournant de l’histoire mondiale », Rome abandonnant l’idée de conquérir la Germanie pour se contenter de « contenir » les Barbares.

    Sur le moment, l’empire fut naturellement ébranlé. Mais la tyrannie impériale était telle que personne n’osa incriminer Auguste et que les historiens romains censurèrent leur récit en insistant sur la trahison d’Arminius, les rigueurs du climat et l’incompétence de Varus. Officiellement, on déclara qu’on avait perdu une bataille mais pas la guerre. Une seconde déroute, contre les Bataves, en l’an 70, acheva de ruiner ce récit et de convaincre l’empire que mieux valait conforter son emprise sur les territoires qu’il contrôlait déjà plutôt que de risquer de tout perdre dans des aventures sans lendemain à l’extérieur.

     

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  • L’art de perdre 2000 milliards de dollars

     

    Les milieux économiques occidentaux, qui ne se privent pas de dénoncer les inconséquences des politiciens et des Etats, seraient-ils soudain devenus muets lorsqu’il s’agit de critiquer le gaspillage monstrueux de ressources qu’a constitué la guerre menée par la coalition euro-américaine en Afghanistan pendant vingt ans ?

    2000 milliards de dollars, c’est pourtant le chiffre officiel des dépenses effectuées pour un conflit qui n’a abouti à rien, si ce n’est à un désastre financier, militaire et politique. Et qu’on ne vienne pas dire qu’il s’agissait d’assurer notre sécurité, puisque celle-ci sort plus affaiblie que jamais de cette aventure.

    Dans les parlements, on mégote sur chaque milliard versé ou à verser pour venir en aide aux entreprises et aux indépendants victimes de la pandémie. On s’écharpe pour rogner les dépenses et réduire des prestations sociales jugées sans cesse excessives et dangereuses pour l’économie. On palabre pendant des mois pour décider de quelques timides mesures de lutte contre les seules menaces sécuritaires qui vaillent, celles du réchauffement climatique et de la destruction accélérée de la nature. On s’alarme à grands cris du poids de la dette dès qu’une dépense d’intérêt collectif est en jeu. On refuse d’accueillir les réfugiés de nos guerres à cause de leurs coûts. On s’inquiète du sous-financement de l’innovation et de la recherche.

     

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