Quand l'industrie préempte la science
On commence enfin à entrapercevoir une petite lumière à la fin de l’interminable tunnel pandémique. Il était temps ! J’ai pour ma part hâte de voir si et comment se fera le bilan sanitaire, économique et politique de cette crise. Comment on va peser et soupeser les effets de l’obsession épidémiologique sur la santé psychique des populations confinées ; les conséquences du désastre subi par certains secteurs de l’économie et celles de l’endettement massif provoqué par les mesures de soutien étatiques ; les effets de la mise en congé de la démocratie et des libertés pour cause d’état d’urgence sanitaire.
Il est aussi un domaine, que l’on a beaucoup entendu pendant cette crise, et qui devrait faire l’objet d’un bilan attentif : celui de la science et de ses liens avec l’industrie.
Pour l’instant cette critique est restée confinée aux cercles dits complotistes, antivax et autres sceptiques qui manifestent désormais régulièrement dans les villes d’Europe contre la « dictature sanitaire ». Et pourtant ces liens mériteraient d’être sérieusement réexaminés car les intuitions des citoyens les plus critiques, à défaut de leurs conclusions, valent mieux que le mépris avec lequel on les a considérés.
Prenons le rôle de Bill Gates, décrit par les uns comme diabolus ex machina qui aurait suscité la crise pour mieux étendre son empire, et encensé par les autres comme un « entrepreneur et philanthrope » à l’idéal si pur qu’il ne viserait qu’à promouvoir la santé de l’humanité.