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Planète bleue - Page 34

  • L’OMS, cette proie si facile !

    Or donc, l’OMS, par sa collusion avec la Chine, serait la responsable de tous nos maux ! Monstre bureaucratique, inefficace, trop lente, trop rapide, elle fait un bouc émissaire idéal. Depuis que le président Trump, qui niait la gravité du coronavirus tant qu’il frappait ses adversaires chinois et iranien, a tourné sa veste et décrété que le virus, qui s’attaquait désormais à son pays, était « chinois » et que l’OMS avait tardé à le reconnaitre pour ménager Pékin, les attaques contre l’organisation onusienne se sont mises à pleuvoir de tous côtés.
    Qu’en est-il exactement ? L’OMS est-elle vraiment à la solde des Chinois et a-t-elle failli ? Les faits d’abord. Contrairement à la réécriture du film actuellement en cours, on sait que la Chine a mis quatre semaines, entre fin novembre et fin décembre, pour repérer et identifier les premiers malades comme porteurs d’un virus potentiellement contagieux et prendre les premières mesures sanitaires. Que l’OMS a mis trois semaines, en pleine période de fêtes, entre le 31 décembre, jour du premier signalement, et le 23 janvier, pour prendre connaissance, investiguer et décréter le stade épidémique. Et que nos gouvernements, pourtant dûment avertis par les reportages des médias et par l’OMS, ont attendu deux mois de plus, jusqu’au 15 mars, pour prendre les mesures urgentes nécessaires ! Qui a fait juste, qui a fait faux, à vous de juger…

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  • La politique de la peur, ça suffit !

    Vous connaissez peut-être ce conte soufi sur la peste et la mort : La Peste était en route pour Bagdad quand elle rencontra Nasruddin. Où vas-tu ? demanda Nasruddin. La Peste répondit : Je vais à Bagdad pour tuer dix mille personnes. Plus tard, la Peste croisa à nouveau Nasruddin. Très en colère, ce dernier lui dit : Tu m’as menti. Tu as dit que tu tuerais dix mille personnes et tu en as tué cent mille. Et la Peste répondit : Je n’ai pas menti, j’en ai tué dix mille. Les autres sont mortes de peur. »
    C’est exactement ce qui pourrait arriver avec le coronavirus. Incrédules et cyniques quand les Chinois étaient frappés, impréparés, imprévoyants, manquant de tout y compris d’une stratégie de riposte appropriée quand il a débarqué chez nous, nous avons réagi dans le plus grand désordre et en mode panique. Injonctions contradictoires (masques ou pas masques), polémiques stériles (chloroquine ou pas, la Chine a-t-elle menti ou pas), négationnisme contre déclarations de guerre à outrance, confinement policier surveillé par hélicoptères et drones contre confinement léger à la suédoise, grounding complet de l’économie contre fermeture sélective de commerces n’ont cessé de brouiller les messages et d’amplifier l’angoisse générale, en laissant le champ libre aux délateurs, aux obsédés du confinement absolu et aux médias ravis de retrouver de l’audience en soufflant sur la braise.
    Tout cela en perdant de vue la réalité : oui, ce virus est pernicieux et peut tuer nombre de personnes à risques (et il faut donc le combattre avec tous les moyens disponibles), non, il ne menace pas notre survie à terme. L’Asie, Chine, Corée, Japon, Singapour et Taiwan en tête, nous montre qu’on peut le juguler et même en sortir. Et les statistiques nous prouvent qu’il laisse en vie 99,9 % de la population puisque même dans les cas les plus graves comme en Espagne et en Italie du Nord, la mortalité n’excède - heureusement ! - pas 350 personnes sur un million. Il n’y a donc aucune raison de paniquer ni de donner à la mort ce surcroit de victimes qu’elle ne réclame pas.

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  • La Chine miroir de nos haines et de nos impuissances

    Ce qu’il y a de bien avec les crises, c’est qu’elles révèlent le fond des individus et des pays. Celle du coronavirus a ainsi montré l’héroïsme quotidien des petites mains anonymes de la mondialisation, infirmières, caissières, chauffeurs-livreurs, paysans, agents de voirie, tandis qu’elle réduisait au silence les profiteurs et les pontifiants qui se réfugiaient dans leurs maisons de campagne pour fuir les miasmes des villes.
    En revanche, la crise n’aura pas réussi à mettre une sourdine aux clichés, aux stéréotypes et aux partis pris idéologiques traditionnels. D’accord pour la guerre contre le virus mais pas question de cesser celle de l’information ! Il y dix jours à peine, l’OTAN passait encore son temps à organiser ses plus grandes manœuvres militaires depuis 1945 contre la Russie.
    L’attitude de nos médias vis-à-vis de la Chine est très révélatrice et montre comment ce pays, naguère courtisé par toutes les élites occidentales, est devenu le repoussoir, le miroir de nos haines, de nos peurs et de nos impuissances.
    Au début de la crise, on nous a ainsi présenté une dictature qui, comme toutes ses pareilles, mentait à ses habitants, cachait la gravité de la situation et persécutait les médecins qui sonnaient l’alarme, tandis qu’on se réjouissait déjà de la perte de crédibilité du régime et de l’effondrement économique qui s’ensuivraient. Même réaction quand l’Iran a été touché : on allait voir ce qu’on allait voir et le « régime » n’avait qu’à bien se tenir. Puis, devant la vigueur de la réaction chinoise et la construction de gigantesques hôpitaux en 10 jours, on a dénoncé la mise au pas autoritaire et le confinement forcé avec des entrées d’immeubles murées, des corps prétendument abandonnés dans les rues et la surveillance généralisée par caméras et smartphones.
    Depuis peu, la situation s’améliorant en Chine alors que la pandémie gagnait l’Italie puis le reste du monde, les attaques ont porté sur la responsabilité chinoise, les coutumes alimentaires, les « mensonges » à l’origine de l’épidémie et la « propagande » déployée par le régime afin de tirer profit de la crise. Pour une fois au moins, on n’a pas accusé les trolls russes d’avoir propagé le virus, mais il s’en est fallu de peu…

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