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Planète bleue - Page 35

  • La micro-taxe comme impôt du futur

    Le 25 février dernier, la Feuille fédérale a publié le texte de l’initiative fédérale pour un micro-impôt sur le trafic des paiements sans espèces, ouvrant la voie à la récolte des signatures.
    L’idée part d’une idée simple : dans un monde dont l’économie se dématérialise et les emplois sont concurrencés par les robots et de moins en moins liés à l’économie physique, le principe hérité de l’ère industrielle qui consiste à imposer le travail et les individus devient obsolète. L’ampleur prise par les transactions électroniques est devenue vertigineuse et sans lien avec les besoins de la production de biens et de services. En 2017, pour un PNB mondial de l’ordre de 81 000 milliards de dollars, la dette globale atteignait 233 000 milliards (3 fois le PNB) et les produits dérivés 750 000 milliards (presque 10 fois le PNB mondial) ! La plus grande opacité règne à la fois sur les montants et le nombre de ces transactions, favorisées par le trading à haute fréquence et autres outils technologiques. Quant aux opérations sur les produits dérivés, mystère et boule de gomme ! La BNS observe le silence depuis 2013, année pendant laquelle le nombre de transactions interbancaires variait de 1.6 à 2 millions par jour pour des montants quotidiens de l’ordre de 500 milliards.
    Une estimation prudente permet cependant d’évaluer le total de l’assiette fiscale des transactions réalisées en Suisse à 100 000 milliards de francs (150 fois le PIB national).
    La microtaxe aurait donc pour effet immédiat d’apporter de la transparence dans ces échanges financiers et de les fiscaliser à un taux extrêmement bas (entre 0.01 la première année et 0.5 pour mille au maximum par la suite, le taux pouvant évoluer en fonction de l’assiette de l’année précédente) et de façon simple et peu coûteuse puisque toutes les transactions sont déjà répertoriées par les banques qui prélèvent leurs commissions sur ces échanges.
    Avec un taux de 0.25 pour mille, cette solution permettrait de recueillir un volume de recettes fiscales suffisant pour supprimer à la fois la TVA (23 milliards en 2018), l’IFD (22.4 milliards) et le droit de timbre (2.1 milliards), le surplus éventuel pouvant être affecté à la transition écologique et à la lutte contre le réchauffement climatique par exemple.

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  • Retour sur l'interview d'Assange en 2015

    Mars 2015. C'est un Julian Assange à la fois marqué et combatif qui nous accueille dans la petite salle de réunion de l'Ambassade d'Equateur à Londres. Les cheveux blonds ont blanchi, le visage s'est arrondi. Les deux ans et demi de réclusion involontaire dans une minuscule chambre au rez de chaussée de cet immeuble cossu, à deux pas du célèbre magasin de luxe Harrod's, ont fait leur effet. A force de vivre presque à ras du trottoir et à hauteur des bobbies faussement flegmatiques qui gardent les fenêtres et les entrées, comment aurait-il pu en être autrement?
    Les yeux sont vifs et le ton est rieur. 33 mois de garde à vue n'ont pas altéré l'humeur. Avec le temps et les épreuves, l'homme s'est même détendu. Mais il est resté combatif. Pas question de rendre les armes. C'est le principal.
    De fait, Julian Assange appartient à cette frange rare d’Anglo-Saxons briseurs de tabous. Ange pour les uns, démon pour les autres, résolument à contre-courant, borderline, scandaleux, il est de la race de ces non-conformistes qui cassent les codes et pulvérisent les conventions. D'Oscar Wilde, de Lawrence d'Arabie ou d'Alan Turing, Assange possède le même génie inquiétant, la même marque de fabrique, celle qui fait que grâce à eux le monde n'est plus tout à fait comme avant. Assange n'a pas subverti la morale hypocrite de l'empire britannique, il n'a pas conquis l'Arabie, il n'a pas brisé le code secret des nazis. Mais il a fracassé la loi du silence, la puissante omerta qui dissimulait les turpitudes des démocraties, des banques ou des entreprises lorsqu'elles trahissent leurs valeurs pour mieux servir leurs intérêts. Avec Wikileaks, il a créé un modèle nouveau de transparence. Quitte à payer, comme les autres, le prix fort.
    On aime ou pas, mais lui aussi fera date dans l'histoire.

    La semaine prochaine, vous « fêterez » vos mille jours de réclusion dans cette ambassade. Comment vivez-vous çà ?

    Cela fait bientôt cinq ans que je suis sous arrêt sans accusation au Royaume-Uni. C’est dur de recevoir des visiteurs, de se promener. Et de regarder des Lamborghini dorées passer devant la fenêtre ! Tous mes visiteurs sont filtrés et enregistrés, en violation de la Convention de Vienne (On découvrira en 2019 que la société espagnole charge de la surveillance transmet toutes ses informations à la CIA). C’est une période difficile pour mes enfants, ma famille, et pour moi. J’essaie de ne pas compter mes journées. Je poursuis mon travail, mon combat, et il passe aussi par la Suisse.
    Quand je suis venu à Genève pour parler de la guerre en Irak au Conseil des droits de l’Homme, la population était très réceptive à ma situation. J’aurais pu demander l’asile mais l’ambassadeur américain à Berne, Donald Beyer, était très agressif et a fait pression pour que la Suisse ne me l’accorde pas.

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  • At WIPO, a world battle is at stake

    This week, the 83 Ambassadors of the World Intellectual Property Organization's Coordination Committee will nominate a candidate who will be called to lead the Organization from October 1. Six candidates (a Singaporean, a Chinese, a Kazakh, two South Americans and a Ghanaian) are still in the running).

    The stakes are enormous and give rise to a battle of an incredible ferocity between the West, led by the United States, who took up the cause of the Singaporean candidate, Daren Tang, who theoretically is supposed to represent the developing countries to their dislike given that Singapore is no longer considered as a developing country. Meanwhile, China, represented by Binying Wang, who has worked for decades at WIPO and has held a senior position for many years. Recently, articles by John Bolton, former head of the Donald Trump Security Council, and Peter Navarro, his trade advisor, declared war on the Chinese candidate in very aggressive terms. The Chinese foreign ministry responded sharply by denouncing the American sabotage manoeuvres.

    In its latest report on intellectual property indicators, WIPO confirms the spectacular dynamism of China. With 1.5 million patents filed in 2018, almost half of the world total, it is three times better than the United States. The same goes for industrial property applications, brands, designs and plant varieties. Better still, it has posted double-digit growth in all of these areas while its competitors have stagnated or regressed. Switzerland on the other hand ranks 9th in the world. We can see better now why the United States wants to block China’s path. As for the majority developing countries, they are left on the side lines as spectators.

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