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Planète bleue - Page 56

  • Vive l’information plurielle !

    La semaine dernière, j'ai signé ma dernière chronique pour le Courrier. Après cinq années d’échanges et de débats parfois controversés mais toujours vivants, chacun a repris sa liberté, comme on dit. Je tiens à remercier l’équipe du Courrier pour son hospitalité, son professionnalisme et surtout pour sa capacité à accueillir une voix qui n’exprime pas forcément son ADN. C’est la grandeur d’un journal, et du journalisme, que de s’ouvrir à d’autres visions et je souhaite, dans ces temps forts troublés pour la presse écrite, longue vie à ce journal, modeste mais combatif et nécessaire.
    Qu’il est devenu difficile, en effet, d’exprimer des avis divergents, d’emprunter des sentiers latéraux qui serpentent dans les sous-bois, et de s’écarter des autoroutes sur lesquelles circule une information soigneusement cadrée par une foule de limitations et d’interdictions : pas question de sortir des clous du discours libéral, européiste, atlantiste, libre-échangiste, anti-étatiste, multi-culturaliste sous peine de se voir sanctionné par les étiquettes les plus infamantes. Impossible aussi de développer un vrai discours social, de dénoncer les inégalités croissantes et l’enrichissement scandaleux de quelques-uns sous peine de se retrouver cloué au mur par les mercenaires de l’oligarchie, toujours prêts à tirer à vue sur les supposés « fossoyeurs » de la croissance, les « ennemis » de la prospérité et les « assassins » de la liberté d’entreprendre.
    C’est ainsi que la majeure partie de la presse dominante s’est coupée de sa base sociale et de son public. Qu’elle a creusé sa propre tombe en déléguant aux bas-fonds d’internet le soin de mettre en lumière les faits dans toute leur complexité et pas seulement sous un angle trompeur, de diffuser des opinions alternatives ou divergentes et d’animer, dans la confusion, les débats politiques et de société qu’elle aurait dû initier. C’est ainsi que, par une sorte d’autisme inconscient, elle achève de crever à petit feu.

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  • Lettre à mes détracteurs et autres russophobes obsessionnels

    Jeudi dernier, le Grand Conseil genevois m'a donc autorisé à recevoir l'Ordre de l'Amitié conféré par le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine. Merci encore à toutes celles et tous ceux qui m'ont soutenu. Mais cela n'a pas été sans mal, puisqu'une minorité de donneurs de leçons bienpensants et s'attribuant tous les droits propres au prétendu camp du bien a cru bon devoir se lancer dans des diatribes assez odieuses. Pour que chacun puisse se faire sa propre opinion, voici donc ce qui a justifié l'obtention de cet honneur.

    Tout d'abord, voici le communiqué du consulat général de Russie à Genève: "Le Président de la Fédération de Russie par son décret du 4 août 2016 a décoré Monsieur Guy Mettan par l’ordre de l’Amitié, signe de distinction d’Etat de la Fédération de Russie.
    En tant que Président de la Chambre de commerce Suisse-Russie & CEI depuis sa création en 2005, il a contribué au développement des relations économiques entre la Russie et la Suisse, aidé à établir les contacts entre des hommes d’affaires des deux pays, facilité la communication entre les deux parties.
    Comme journaliste, il a toujours su rester objectif en présentant une image actuelle et vraie de la Russie, en combattant la russophobie et en réfutant les préjugés et les idées reçues. En tant que directeur exécutif du Club suisse de la presse, il a donné la possibilité de s’exprimer au sujet de la Russie aux différentes opinions (y compris des voix critiques comme p.ex. celles de Mme Zhanna Nemtsova ou M. Garry Kasparov). En 2015, il a publié le livre « Russie-Occident, une guerre de mille ans : La russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne ». La décoration de Monsieur Guy Mettan est un signe d’honneur et de reconnaissance."


    De mon côté, je tiens à préciser ce qui suit: L’Ordre de l’Amitié est une distinction honorifique, qui n’est liée à aucune prestation financière ou avantage pécuniaire. Elle est accordée avec parcimonie et seules deux personnalités ayant vécu à Genève l’ont reçue à ma connaissance: l’ancienne présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey et l’ancien directeur du Grand Théâtre Hugues Gall.

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  • Les causes de la guerre 2.0

    L’hystérie provoquée par les supposées attaques informatiques russes a atteint des proportions hallucinantes aux Etats-Unis. Comment expliquer que la première puissance mondiale, dotée d’un budget militaire dix fois supérieur à celui de son rival et qui à lui seul dépasse celui de l’ensemble des autres puissances, soit sensible à la « menace » poutinienne au point de mettre le pays au bord de la crise de nerf institutionnelle et d’accroitre encore le chaos mondial?
    Il y a une cause interne, bien sûr, qui tient à l’échec inattendu de la coalition Obama-Mc Cain qui se croyait assurée de conserver le pouvoir avec Hillary Clinton. Depuis la seconde présidence de Bill Clinton s’est en effet forgée aux Etats-Unis une alliance de fait entre l’establishment démocrate d’une part et les néoconservateurs d’obédience républicaine d’autre part. Le bombardement de la Serbie en 1999 avait scellé cet accord que ni les aventures militaires calamiteuses de Bush Jr ni les palinodies élégantes mais sanglantes d’Obama n’avaient réussi à remettre en cause. Hillary Clinton incarnait le meilleur espoir, pour ces deux camps, de continuer leur business as usual, à savoir la poursuite d’une hégémonie américaine fondée sur le libre-échangisme commercial sans limite, l’ouverture des frontières, le renversement des régimes hostiles au nom de la démocratie et des « valeurs » occidentales, l’enrôlement des médias – embedded depuis l’invasion de l’Irak en 2003 – et la mobilisation illimitée de toutes les ressources du soft power.
    Or l’échec d’Hillary est venu casser cette mécanique bien huilée. Avec Trump-la-mort, impossible de continuer à se passer les plats entre soi, via des conférences grassement rémunérées par Wall Street, des ventes d’armes et de bombes aux alliés subalternes, France, Arabie saoudite ou Turquie chargées de les larguer sur la Libye, la Syrie, le Mali ou le Yémen, et l’implantation de multinationales 2.0 et 4.0 aux quatre coins de l’univers. Rassemblant sous sa houppette blonde tous les déshérités de la mondialisation aussitôt estampillés de l’infamante étiquette de « populistes », Trump veut au contraire brider le libre-échange et mettre un frein aux opérations de basse police du « gendarme » mondial. De quoi semer la panique, en effet, dans le camp de ceux qui profitaient de ce système avec la bénédiction du sémillant Obama et de la ravissante Michelle.

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