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Planète bleue - Page 58

  • Le choléra Trump ou la peste Hillary ?

    Je crains que ce titre ne heurte la bienséance, tant il est difficile de critiquer l’icône Hillary. Et pourtant, quel que soit leur résultat, les élections américaines risquent d’être décevantes aussi bien pour les Américains en particulier que pour le reste du monde en général. D’habitude, une élection nationale est un moment d’espoir de changer les choses, si possible vers le mieux. Souvenez-vous du « Yes, we can » de Barack Obama et de la fierté, de l’espérance de progrès que suscitait l’homme qui allait devenir le premier président noir de la première puissance de la planète. Et même s’il a beaucoup déçu, avec ses nombreuses guerres - Lybie, Syrie, Ukraine – , ses renoncements – la paix en Palestine et le dialogue avec la Russie - et ses timides avancées avec Cuba et l’Iran, le président sortant laissera au moins le souvenir d’un homme de bonne foi, et qui a au moins essayé même s’il n’a pas réussi.
    Avec Donald Trump et Hillary Clinton, rien de tel. L’un comme l’autre ne présagent rien de bon, même si les médias mainstream et l’establishment se sont évertués à nous présenter la candidate démocrate comme le choix de l’excellence, de l’expérience et du bon goût face au « dangereux bouffon populiste » Donald Trump. On a beau scruter l’horizon à la jumelle, on ne voit rien venir de bon et l’enthousiasme est en berne
    De Trump, tout a été dit. Depuis des mois, tous les éditorialistes intelligents des médias bien en cour en ont dit pis que pendre sur sa grossièreté, son mépris des femmes et des minorités, son amateurisme, sa méconnaissance des dossiers et des « complexités » du monde, son imprévisibilité, ses incohérences et son narcissisme compulsif. Les médias, rejetant tout esprit d’objectivité, se sont alignés sur l’élite washingtonienne et ont choisi leur camp : tout sauf Trump, est devenu leur leitmotiv. Soit, admettons qu’ils n’ont peut-être pas tort. Il est difficile d’accepter de confier le sort du monde à quelqu’un qui ne respecte ni les codes ni la bienséance.

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  • Ukraine, deux ans après

    Deux ans après le début du conflit en Ukraine, le moment est venu de faire un bilan provisoire. La poussière des événements est suffisamment retombée pour qu'on puisse en reconstituer la trame. Peu à peu, grâce aux enquêtes réalisées par des observateurs avisés comme le dénonciateur de l'Irangate et Prix Pulitzer Robert Parry, la vérité commence à se faire jour.
    Et comme d'habitude, elle n'est pas très reluisante. La belle histoire de la révolution populaire qui jette à bas un régime honni et corrompu apparaît dans sa réalité crue: ce n'était qu'une fiction, une fable habilement tissée pour tromper un public avide de contes qui finissent bien.
    Souvenez-vous du crash du vol MH 17 qui a fait près de 300 morts en juillet 2014 et semé l'effroi dans le monde entier, dont John Kerry déclara qu'il était dû à un missile "probablement russe" et qui servit de prétexte au second train de sanctions économiques contre la Russie. Deux ans après, toujours aucune preuve malgré les promesses. Les résultats de l'enquête ne sont toujours pas publiés et les Etats-Unis, dont les satellites espions arrivent pourtant à lire les plaques de nos voitures, refusent de livrer leurs images aux enquêteurs alors que le SBU, le service secret ukrainien, multiplie les cajoleries envers les experts occidentaux chargés du dossier.
    Souvenez-vous des fameux tirs de la police qui avaient décimé les manifestants "pacifiques" de la place Maidan en février 2014. Ici aussi, on nous a promis une enquête. Toujours sans résultat. Les arbres et le mobilier de rue qui avaient reçu des impacts de balle et auraient permis de repérer l'origine des tirs ont été détruits par le nouveau régime alors que les vidéos montrent que ces tirs visaient aussi bien les manifestants que les policiers qui les combattaient, dans le but de pousser ces derniers à réagir et à tirer sur la foule qui leur faisait face. À l'examen, il ressort que le procureur et les responsables de service de police chargés de l'enquête sont des agents zélés du nouveau pouvoir et d'anciens militants des mouvements d'extrême droite actifs dans le service d'ordre de Maidan. Qui sait que Andriy Paruby, aujourd'hui chef du Conseil de sécurité d'Ukraine et qui paradait comme un grand démocrate devant les télévisions occidentales en sa qualité de chef du "service d'auto-défense" de Maidan, est le cofondateur du parti national-social d'Ukraine qui a donné naissance au parti d'extrême-droite Svoboda en 2004? Et que son organisation de jeunesse, "Patriote ukrainien" est une composante du mouvement paramilitaire Secteur Droit?

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    Lien permanent Catégories : Général
  • L'impossible fête nationale

    Osons le dire, célébrer la fête nationale est devenu un activité parfaitement schizophrénique. D'un côté, l'élu qui refuserait de se soumettre au rituel bien rôdé de la tradition patriotique signerait son arrêt de mort politique. On considérerait à juste titre comme scandaleux le fait de se dérober à ce moment de haute liturgie civique.
    Mais d'un autre côté, on considérerait avec une égale défiance celui ou celle qui voudrait dépasser les habituels clichés et les phrases creuses pour interroger la vraie et authentique signification de la fête nationale, à savoir la célébration de la nation conçue comme une communauté de destin (et non comme une addition d'individus et d'intérêts particuliers) habitant un territoire propre (et non un vague ensemble supranational à l'idéologie et aux contours flous).
    Le défi est en effet impossible à relever: comment fêter la nation, ou le pays qui nous a vu naître et qui nous permet de vivre, alors qu'à longueur de discours les médias et les dirigeants politiques nous présentent ces derniers comme des concepts obsolètes et qu'ils vantent sans cesse les mérites de la globalisation économique, de l'effacement des frontières, du dépassement de la nation comme le seul horizon souhaitable de notre avenir? Comment fêter la nation comme communauté de valeurs et de destin alors que la majeure partie de l'activité politique consiste à promouvoir les intérêts particuliers de telle ou telle minorité bruyante au détriment de la majorité silencieuse ? Le sens de l'intérêt collectif, du bien commun, s'est dilué dans les revendications catégorielles - défense des fonctionnaires, des handicapés, des LGBT, des malades du sida, des surdoués, des victimes de viols ou de pédophiles - toutes activités fort louables au demeurant mais qui finissent par occuper la totalité de l'espace public disponible.
    Si la lutte contre les discriminations de toutes sortes est une condition nécessaire du vivre ensemble, ce n'est pas une condition suffisante. La nation, le pays, exigent un supplément d'âme, une volonté commune, une espérance eschatologique, une dimension sacrée devait-on dire si ce mot avait encore un sens. Or de tout cela il ne peut être question dans les discours du Premier Août. Évoquer la Suisse comme une valeur sacrée vous classe immédiatement dans la catégorie des ringards bons pour la poubelle.
    Comment s'étonner dès lors que la commémoration de la fête nationale soit de plus en plus fade et privée de grâce et d'émotion? Comment se projeter dans l'avenir si le passé est oublié et le présent tronqué par l'absence d'une terre identifiable et bien délimitée, qui est le seul et unique fondement de la souveraineté et de la démocratie. A force de vouloir concilier l'inconciliable, les discours sont condamnés à surfer sur la surface des choses et à célébrer le particulier au détriment du général.
    La substance perdue, ne subsiste plus que le rite. Ce qui est sans doute mieux que rien. Mais comment s'en contenter?