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Planète bleue - Page 57

  • L’histoire du hacker hacké

    Si l’Europe a les yeux rivés sur le drame d’Alep et la difficile évacuation des populations civiles, largement dû au non-respect des accords par la mouvance Al-Qaida, les Etats-Unis, eux, vivent au rythme des accusations de la CIA contre le supposé hacking électoral russe. Les Américains semblent avoir déjà passé la Syrie par pertes et profits et sont désormais entièrement concentré sur la passation de pouvoir entre Obama et Trump. On aura noté qu’entretemps, on ne parle plus des bombardements contre la population de Mossoul et du million de civils qui sert de bouclier humain aux combattants de Daech. Et encore moins des innocents qui meurent sous les bombes saoudiennes au Yémen. Au contraire, à Mossoul, on vante chaque progrès des valeureux « libérateurs » de la ville. Après tout, chacun n’a-t-il pas le droit de choisir ses héros, ses compassions et ses indignations, bien que les combats qui ravagent la Syrie et le nord de l’Irak soient pourtant dus aux mêmes causes, aux mêmes ennemis, aux mêmes stratégies suicidaires ?
    Mais revenons aux Etats-Unis. Au fur et à mesure qu’on se rapprochait de la date de l’élection de Trump par les grands électeurs, qui était la dernière chance pour le clan démocrate de renverser le cours des choses, on a vu croître l’hystérie contre le hacking des serveurs démocrates et le piratage de la boite mail du chef de la campagne d’Hillary Clinton, John Podesta. La CIA, le Washington Post, le New York Times, les ténors du parti démocrate ont mené une campagne de presse d’une violence sans précédent jusqu’ici dans une élection pour tenter de changer le destin et convaincre les grands électeurs de tourner leur veste. Même le président Obama, qui avait jusque-là montré une certaine hauteur, a cru bon devoir descendre dans le marécage pour suggérer que « Poutine avait lui-même donné l’ordre de hacker les serveurs » des grands partis américains pour influencer la campagne en faveur de Trump.
    Un premier assaut avait déjà été tenté juste après l’élection lorsque Jill Stein, la candidate écologiste, avait demandé un recomptage des voix dans trois Etats. Les médias qui avaient soutenu Hillary avaient alors abondamment commenté la manœuvre. Sans aucun succès puisque dans un Etat, le recomptage avait accentué l’avance de Trump d’une centaine de voix et que les juges avaient jugé le recomptage inutile et dispendieux dans les deux autres Etats litigieux.
    Il fallait donc trouver une autre cible: les hackers russes, de connivence avec Julian Assange et Wikileaks, à qui ils auraient transmis le contenu des mails de John Podesta et d’Hillary Clinton, révélant aux Américains atterrés que les démocrates avaient insidieusement tronqué les primaires en faveur d’Hillary et que celle-ci trompait son monde suivant qu’elle s’adressait à ses électeurs ou à ses donateurs de Wall Street. Opération jugée gagnante à tous les coups puisqu’elle aurait permis de discréditer à la fois Trump, la Russie et les lanceurs d’alerte qui, de Wikileaks à Edward Snowden, ne cessent de dénoncer les dérives des services de renseignements américains.

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  • Trump, victoire ou défaite de la démocratie?

    L'élection de Trump a secoué, brièvement, le Landerneau politico-médiatique. Comment a-t-on pu en arriver là? se sont demandés les représentants des élites désavouées par ce peuple décidément très imprévisible. Les plus lucides ont admis, pas trop quand même, qu'ils avaient failli et certains ont entamé un début d'autocritique. Mais ça n'a pas duré. Les premiers instants de sidération passée, les vaillants gardiens du prêt-à-penser sont montés au créneau : "Mais non, nous n'avons pas failli! Au contraire, assumons nos choix. Hillary n'a-t-elle pas gagné en nombre de voix? Et puis, de quelles élites parle-t-on? Nous n'en sommes pas, ou si peu. Allons donc, le politiquement correct n'existe pas, voyez comme nous divergeons d'opinion entre nous!"
    Personne, ou presque, n'avait rien vu, rien entendu, ni rien dit, mais cela n'a aucune importance, circulez citoyens! A ce rythme, le nécessaire débat sur l'aveuglement des médias, des experts, des universitaires, des milieux culturels et politiques passera par pertes et profits aussi vite qu'il l'avait été après le vote surprise du Brexit, déjà oublié après six mois.
    Or il y a péril en la demeure et urgence à remettre en cause la façon dont les médias et l'expertocratie répercutent si bien les opinions des classes dominantes et si mal la sensibilité et les frustrations des classes populaires.
    Le petit exemple suivant illustre bien ce biais systématique qui conduit à se concentrer sur les désirs et les revendications des élites au détriment du petit peuple des anonymes. Il y a trois semaines les journaux romands ont brièvement signalé le suicide de deux paysans vaudois, qui s'étaient donné la mort par désespérance, par solitude et parce qu'ils n'arrivaient plus à nouer les deux bouts. Ces drames n'ont pas suscité le moindre intérêt dans les rédactions. Un accident de la route avec deux morts aurait joui d'une plus grande attention, bien que ces deux suicides aient été le symptôme du malaise extrême qui affecte des milliers de paysans au cœur même de nos campagnes.

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  • Le mensonge, sport démocratique !

    A la fin des années 1940, J.H Gleason, professeur d’histoire à Harvard qui s’alarmait des ravages potentiels de la guerre froide, faisait remarquer que les démocraties étaient encore davantage portées sur le mensonge que les dictatures. Pour une raison simple : elles doivent convaincre une opinion publique souvent rétive que les guerres qu’elles veulent mener sont justifiées. Ce que les dictatures, par définition, peuvent s’épargner.
    De la permanence et de l’intensité de ce mensonge « démocratique », on en a eu la preuve avec la fabrication par les services secrets américains des prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003. Voyez aussi les documents du parlement britannique qui viennent de révéler comment Tony Blair avait manipulé les députés en 2003 pour les entrainer dans cette même guerre. On pourrait en dire autant de l’invasion de l’Afghanistan en 2001, suite aux attentats du 11 septembre, maintenant que les documents sur leurs auteurs ont été déclassifiés par le Congrès et font apparaitre que les Saoudiens ont bien plus soutenu Al Qaida que les Afghans. Mais à l’époque, pour des raisons stratégiques, il était bien plus important d’envahir l’Afghanistan pour y installer l’OTAN que de chercher des noises au précieux allié saoudien. Quant à la façon, dont le président Sarkozy (et ses alliés européens) a grossi le danger du régime Kaddhafi pour l’éliminer dans l’espoir de faire main basse sur son pétrole et de faire monter sa cote auprès des électeurs avant la présidentielle de 2012, ici aussi les documents sont explicites.

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