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Planète bleue - Page 25

  • Journalisme, complotisme et délation

    Dans une enquête qui parait ces jours-ci dans leurs colonnes et sur leur chaine, le site indépendant Heidi.News et la télévision Léman Bleu ont infiltré ce qu’ils appellent la complosphère romande d’une manière qui suscite un énorme malaise.
    Ils s’attaquent à une mouvance de militants qui dénoncent pêle-mêle l’application SwissCovid, la gestion de la crise du coronavirus, la 5G, le big pharma, Bill Gates, les multinationales et les banques, et qui préparent notamment une initiative populaire contre l’application SwissCovid.
    Il n’y a naturellement aucun mal à s’intéresser à ces personnes ni à enquêter sur ce qu’ils sont et ce qu’ils font. C’est même un devoir de la presse que de le faire.
    Ce qui est injustifiable en revanche, c’est la méthode et le ton utilisés, qui sont indignes du journalisme de qualité et contreviennent aux règles élémentaires de la profession en violant la charte éthique des journalistes.
    D’abord, tout journaliste sait que le journalisme d’immersion, même pour de bonnes raisons, et l’usage de caméras cachées ou de photos volées doivent respecter des règles précises, tels que le respect de l’image et de la vie privée, l’obligation de non-diffamation, l’honnêteté, l’absence de mensonge, et bien sûr, le droit pour les personnes sous enquête de donner leur point de vue.
    Or toutes ces règles ont été malmenées dans le cas d’espèce.
    Il y a d’abord l’usage du mot complotisme. Dans la bouche des gens dits sérieux, ce mot est utilisé comme insulte pour discréditer. Il n’est pas du tout neutre. Surtout qu’il est utilisé à tort et à travers pour stigmatiser et ostraciser les personnes ou les groupes qui ont le tort d’avoir une opinion différente de celle du courant dominant. Comment des journalistes qui prétendent défendre la liberté d’expression et la démocratie peuvent-ils chercher à nuire à des gens dont on peut penser ce qu’on veut mais qui exercent simplement leur liberté d’opinion et d’action de citoyens ? Ils n’ont commis aucun délit et ne menacent pas la société, que je sache !
    Encore plus inacceptable, la méthode d’infiltration, assortie d’un flagrant mensonge. Lorsque Florence Aubenas entre dans la peau d’une nettoyeuse de bateau pour décrire l’affreux quotidien de ces travailleurs, ou quand Günther Wallraff se fait passer pour un Turc pour dénoncer la condition des immigrés turcs en Allemagne, ils ne le font pas pour dénigrer aux personnes, et encore moins pour les tromper.

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  • L’ambassadrice d’Azerbaijan répond à mon blog sur le Karabagh

    L’ambassadrice d’Azerbaijan nous a communiqué sa réaction suite à la publication de mon papier sur les dessous de la guerre du Karabagh, vendredi dernier. Toute en maintenant mes propos, j’estime utile de porter cette lettre à la connaissance des lecteurs, l’Azerbaijan ayant naturellement aussi le droit d’exprimer sa position.

     

    Réponse de l'ambassade d'Azerbaïdjan concernant l'article de Guy Mettan
    «Les dessous de la guerre du Karabakh»


    Nous tenons à exprimer notre vive inquiétude et notre contestation à l’encontre de l'article de Guy Mettan «Les dessous de la guerre du Karabakh» qui a été publié sur le blog de la Tribune de Genève le 3 octobre 2020.

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  • Les dessous de la guerre du Karabagh

    Contrairement aux apparences, la guerre actuellement en cours au Karabagh n’a pas éclaté par hasard, à la suite d’une escarmouche qui aurait mal tourné. L’attaque de l’Azerbaijan contre l’enclave arménienne a été pensée et planifiée depuis des semaines.
    Cet été, des exercices militaires conjoints avec la Turquie ont servi à préparer l’assaut, de même que le survol des frontières arméniennes par des avions de reconnaissance turcs et l’importation de centaines, et probablement de milliers, de djihadistes de Syrie et de Libye. Ces combattants, comme l’a reconnu Emmanuel Macron, ne se sont pas retrouvés dans le Caucase pour y passer des vacances.
    Après cinq jours de combat, malgré l’importance des moyens engagés, les forces arméniennes ont résisté et même infligé de lourdes pertes à leurs adversaires azéris, turcs et djihadistes. Près de 200 véhicules blindés, des dizaines de drones (livrés par Israël), une vingtaine d’hélicoptères et des milliers de combattants azéris ont été mis hors de combat. Deux cents personnes ont été tuées côté arménien, dont la moitié de civils victimes de bombardement.
    Les Arméniens se battent pour leur patrie, les Azéris pour un territoire qui n’a jamais été le leur avant que Staline ne le leur donne en 1921. Les Arméniens ne peuvent pas non plus oublier le génocide dont ils ont été victimes en 1915 du fait des Turcs. Ceux-ci ne l’ont jamais reconnu, à l’inverse des Allemands pour l’Holocauste. La blessure reste donc intacte. Enfin, ils luttent pour conserver l’indépendance d’une région qui avait été acquise au prix de 30 000 morts entre 1989 et 1994. C’est ce qui fait la différence sur le champ de bataille.
    Pour l’Azerbaijan, qui est dirigée par la même famille Alyiev depuis trente ans, il s’agit de maintenir en vie un régime affaibli par la chute des revenus pétroliers et dont l’économie est entièrement contrôlée par la famille du président. L’Azerbaijan joue gros dans cette bataille. En invitant des islamistes sunnites dans un pays très majoritairement chiite et comprenant des minorités d’origine iranienne comme les Talych, il risque de raviver les tensions ethniques internes si le conflit devait s’éterniser.
    Mais l’enjeu de cette bataille dépasse de loin les frontières de ces deux États caucasiens.

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