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Planète bleue - Page 83

  • Tout savoir sur presque rien

    Commençons par la bonne nouvelle. Pour la première fois depuis des années, les chiffres de la REMP sur le lectorat des journaux ne sont pas systématiquement négatifs. L’érosion lente et continue de la presse écrite depuis vingt ans semble atteindre un plancher. Certains titres souffrent toujours, notamment chez les magazines, mais d’autres remontent la pente et c’est nouveau. Les transferts massifs vers les médias électroniques pourraient après tout arriver à terme et un nouvel équilibre pourrait s’instaurer. Reste encore à atteindre le même état pour la publicité et la situation des médias pourrait se stabiliser quelque peu.
    C’est un soulagement pour l’ensemble de la corporation des journalistes et pour les lecteurs qui sentaient le sol se dérober sous leurs pieds sans la moindre branche à laquelle s’agripper. Les choses semblent donc s’améliorer sur le plan quantitatif et il ne faut pas bouder notre plaisir.
    Sur le plan qualitatif en revanche, le pire est encore à l’ordre du jour et je crains qu’il n’y ait, dans ce domaine, aucun fond à partir duquel rebondir. Je relisais l’autre jour dans le Monde les beaux textes de Camus sur la presse et la liberté de la presse : « Une société qui supporte d’être distraite par une presse déshonorée et par un millier d’amuseurs cyniques court à l’esclavage malgré les protestations de ceux-là mêmes qui contribuent à sa dégradation. » écrivait-il en 1951. Soixante-et-un ans après, comment lui donner tort ?

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  • C’est la faute aux Français !

    Depuis l’Escalade au moins, il est de bon ton d’accuser les Français de tous les maux genevois. Mais depuis quelques temps, le niveau d’aigreur des Genevois (de certains, pas de tous, heureusement !) a pris l’ascenseur. Les Français donc ne voudraient pas payer leur part du CEVA, ils ne voudraient pas construire de parkings P+R pour éviter d’envahir Genève avec leurs voitures, ils sont incapables de s’entendre entre eux, leur mille-feuille institutionnel est totalement inadapté à notre belle organisation fédérale, ils ne respectent pas les règles de la circulation et se comportent mal sur nos routes, ils exportent leur criminels et leur racaille dans les Rues Basses et bientôt dans la gare de Champel… Bref, j’en passe et des meilleures.
    Les Français, je n’en disconviens pas, ne sont pas des saints et sont incontestablement bourrés de défauts. Tandis que les Genevois, eux, c’est bien connu, n’ont que des qualités et leur canton est la Huitième Merveille du monde. Toutefois, sous l’influence de 35 années d’un calvinisme pesant qui a fini par dompter ce qui me restait de mon éducation catholique, je me hasarde à tenter d’appliquer la recommandation biblique qui consiste à examiner si la paille qui est dans l’œil des Français ne cacherait pas la poutre qui est dans celui des Genevois.
    Car est-ce vraiment la faute des Français si Genève est incapable de construire des logements en nombre suffisant pour ses travailleurs ?

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  • Une élection du PLR, pas du PDC

    La démission de Mark Muller m’a surpris dans une réunion de journalistes aux confins de la Turquie. Sur les hauts plateaux balayés par un vent sibérien -20 degrés, on garde plus facilement la tête froide.
    Car le moins qu’on puisse dire, c’est que les réactions qui ont suivi m’ont paru confuses. Or, si le centre-droit veut sauver ce siège et conserver la majorité au Conseil d’Etat, il n’y a qu’une stratégie possible : l’union sans faille derrière le candidat du PLR, en l’occurrence Pierre Maudet.
    Pour trois bonnes raisons. Tout d’abord parce que cette élection sera très difficile à gagner. Une démission forcée en cours de mandat affaiblit toujours le parti qui la subit. Or l’Entente, et le PDC en tête, n’a aucun intérêt à voir le PLR plonger. Il serait difficile de se relever d’un échec cinglant. Face à une gauche gonflée à bloc par la perspective de regagner la majorité perdue de peu en 2009, il n’y a donc pas à discuter, malgré les tensions suscitées par l’élection d’Olivier Jornod au poste de procureur général en lieu et place de Christian Coquoz.
    La seconde raison relève de la nécessité de tenir tête non seulement la gauche mais aussi à Eric Stauffer. Que dirons-nous si, par mésaventure, le président du MCG devançait le candidat PLR en mai prochain ? Dans quel état serait le centre-droit pour les élections de 2013 ?
    Enfin, le candidat du PLR est le plus compatible possible avec les valeurs du PDC et du centre-droit. On a eu l’occasion de le constater depuis que Pierre Maudet est conseiller administratif. Les démocrates-chrétiens n’auront pas besoin de se pincer le nez pour voter pour lui.
    Pressés, certains élus PDC se sont déjà hâtés de montrer qu’ils étaient à disposition si on les priait de se porter candidats. C’est prématuré. Car toute division serait fatale et nous porterait tort pendant longtemps. C’est peut-être dur à admettre, mais cette élection n’est pas la nôtre, c’est celle du PLR.