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Planète bleue - Page 80

  • Calvin, Rousseau, Dunant, au secours ! Revenez vite!

    Mais quelle guêpe venimeuse a piqué Genève ? Depuis quelques années, le vent mauvais de la xénophobie, de la haine, du soupçon permanent contre l’étranger, le frontalier, le requérant d’asile souffle sans pitié dans toutes les rues du canton et jusqu’aux sommets de l’Etat, qui se met à prêcher pour une « préférence cantonale » dont on se demande quel sens elle peut avoir alors qu’hier on vantait les bilatérales et la libre circulation !
    C’est frappant de voir combien ce canton si fier de son ouverture et de sa Genève internationale, qui se prétend être la capitale mondiale d’à peu près tout, des droits, de l’homme, de la santé, de la propriété intellectuelle ou de la physique des particules, peut devenir tout à coup mesquin, étroit, rabougri, ratatiné. On se glorifie de Calvin, on cultive la nostalgie de la « Rome protestante », on montre avec fierté aux touristes la maison natale de Rousseau et le jardin des Délices de Voltaire, on se félicite d’avoir donné naissance à Henry Dunant et à la Croix-Rouge, on débauche sans vergogne les infirmières et les médecins européens pour soigner nos malades, et, dans le même temps, on fait la chasse aux cadres français dans les hôpitaux, on blackboule le patron de la deuxième entreprise du canton parce qu’il avait le tort d’habiter vingt kilomètres trop loin pour présider pour présider les transports publics, et on passe au crible l’administration pour être sûr qu’un frontalier n’a pas usurpé son poste.

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  • Une impitoyable guerre économique

    Pendant des décennies, l’économie suisse a prospéré, très bien d’ailleurs, dans l’ombre du pacte d’acier qui unissait les ténors de la finances aux grands capitaines d’industrie. Christoph Blocher, président d’une des grandes entreprises chimiques du pays, membre du conseil d’administration d’UBS et proche des milieux financiers zurichois, a longtemps incarné cette alliance du coffre-fort et de l’usine, huilée par l’échange continu de fauteuils d’administrateurs entre les deux cercles.
    Mais voilà, l’union sacrée a volé en éclats. L’industrie a largué la finance et celle-ci, qui était habituée à dicter sa loi au reste du pays, est brutalement tombée de son piédestal. On peut symboliquement faire remonter cette rupture au 6 septembre 2011, quand la BNS a arrimé le franc à l’euro, et donc lâché les intérêts de la finance pour préserver ceux de l’industrie d’exportation. Un taux de change fixe s’accommode en effet fort mal avec la liberté totale des capitaux dont les milieux financiers font leur miel.
    Cette décision, il est vrai, est intervenue après des années de fragilisation de la planète financière suisse. La crise de 2008, le sauvetage d’UBS, les attaques répétées contre la place financière en provenance des Etats-Unis et de l’Union européenne, tout cela a contribué au lâchage de la finance par l’industrie. L’affaire du franc fort fut simplement l’occasion de porter le coup de grâce. Pour l’industrie, il s’agissait de sauver sa peau, et il n’y avait plus à hésiter.

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  • Le 1er Août, l’initiative Weber, les barrages et les Gitans

    Monsieur le Président,
    Mesdames et Messieurs les élus communaux,
    Citoyennes et citoyens d’Evionnaz, chers amis, bienvenue à cette célébration du 721e anniversaire de notre pays

    Je tiens tout d’abord à vous dire de tout le plaisir et le grand honneur que vous m’avez fait en m’invitant à venir célébrer notre Fête nationale à Evionnaz, ma commune d'origine, dans laquelle réside toute ma famille.

    L’esprit qui inspirait nos pères fondateurs et que l’on retrouve merveilleusement illustré dans le Pacte de 1291, c’est celui de la communauté des valeurs et de la solidarité face aux dangers et aux aléas de la vie. Ce qui nous unit, c’est la volonté de vivre ensemble avec nos différentes langues, cultures, religions et origines géographiques. Citadins ou campagnards, romanches ou francophones, catholiques ou protestants, suisses de vieille souche, naturalisés de fraîche date ou simples immigrants venus de loin pour s’établir dans notre pays, nous partageons tous le sentiment et la conviction de partager un destin commun. Mieux, ce destin, nous savons que nous pouvons le décider et le construire ensemble et qu’il ne nous est pas imposé de l’extérieur par un gouvernement que nous n’avons pas choisi.

    C’est pourquoi il nous a fallu tant de temps pour faire notre pays, pour lui donner ses institutions, et pour le doter d’un fête nationale qui soient communes à toutes et tous malgré nos différences. Ce bien est précieux, et nous devons le conserver face à tous ceux qui voudraient le sacrifier au nom des passions ou des intérêts éphémères du moment.

    Car il ne faut pas nous leurrer. Cette solidarité et cette unité confédérale ne vont pas toujours de soi et engendrent parfois des tensions qu’il nous faut avoir le courage d’affronter. Je songe ici à trois événements qui défrayent la chronique valaisanne ces temps-ci.

    Premier exemple, très important pour l’avenir du Valais, celui du vote de l’initiative Weber sur les résidences secondaires. Personne ne doute que ses effets sont très pénalisants pour l’économie du canton et que les risques d’augmentation du chômage sont réels. Sur un plan plus symbolique, ce vote a été ressenti par de très nombreux Valaisans comme une blessure, comme une trahison de la part des citadins et des habitants du Plateau suisse. Comme résident genevois, je sais bien qu’une grande majorité de Genevois a voté en faveur de cette initiative.

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