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Planète bleue - Page 76

  • L’écriture, ce jeu virtuel

    Je le subodorais depuis des années mais depuis quelques mois, c’est devenu une certitude : en abandonnant le support papier, la chose écrite est en train de perdre définitivement toute matérialité pour devenir un pur jeu virtuel qui est en train de perdre toute sa puissance d’évocation, de validation de la réalité, et de vérité.
    Comme la plupart des gens ayant fait leurs écoles au XXe siècle, j’ai baigné dans un univers dans lequel l’écrit régnait en maitre. Du cunéiforme aux hiéroglyphes, des caractères chinois à l’arabe, du latin au cyrillique, il m’a toujours semblé que l’alphabet relevait du sacré, du tabou, de la vénération, qu’il avait droit à un culte et à des rituels précis formalisés par les règles de l’orthographe et de la grammaire, et cela quelle que soit la graphie adoptée par les différentes cultures. L’écrit plus fort que le temps, plus puissant que la mort, plus résistant que les tyrannies et les dictatures. L’écrit capable de faire revivre le passé et de changer l’avenir…
    A la fin du siècle passé, disons au moment du faux bug de l’an 2000, au moment du grand basculement du monde dans l’ère numérique, il était encore possible de se raccrocher à l’écrit comme à une bouée.
    Après tout, le nouvel âge digital, après l’hommage excessif rendu à la parole et à l’image par le téléphone, la radio, le cinéma et la télévision, ne réhabilitait-il pas l’écrit en lui redonnant une place de choix, dans les sms, les blogs, les chats, les commentaires Facebook et autres tweets ? Et face à ce nouveau déluge numérique, aussi envahissant et inquiétant qu’un tsunami sur Fukushima, les hommes et les femmes de chair et d’os n’avaient-ils pas toujours besoin de l’écrit pour valider, ancrer, graver dans leurs neurones cette masse d’informations brutes ? En faisant le tri, en proposant des grilles de lecture, en opérant des classements, en proposant des orientations, la chose écrite devenait moins immédiate mais trouvait sa pleine légitimité, un peu plus amont dans la chaine de l’information et de la connaissance. Scripta semper manent, pouvait-on encore espérer.

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  • Le projet d’accord USA-UE met la Suisse au défi

    Contrairement aux apparences, l’année 2013 aura été un excellent cru pour la diplomatie économique suisse. Après des années de régression puis de stagnation, plusieurs succès ont été engrangés. L’accord de libre-échange avec la Chine est la première chose qui vient à l’esprit, avec la participation réussie aux préparatifs du G20 de Saint-Pétersbourg grâce à l’appui des Russes. Pour la première fois depuis longtemps, la Suisse, confinée aux enceintes techniques de l’OCDE ou du Stability Board, a pu faire remonter ses vues en matière de fiscalité, d’échanges d’information et de régulation bancaire au niveau politique, au niveau des puissances qui comptent.
    Et même l’accord sur les successions avec la France a permis de débloquer les négociations avec l’encombrant voisin français, malgré le chahut organisé par des politiciens sans visions et quelques avocats en mal de marketing auprès de leurs clients fortunés.
    Le refus de la "Lex USA" par le parlement fédéral en juin dernier a constitué un signe inquiétant, heureusement vite oublié grâce à la signature d'un nouvel accord fiscal qui fait payer les banques. Mais si la coalition des oppositions réussit à faire échouer la ratification de l’accord sur les successions avec la France, il faudra s'inquiéter vraiment. Car si le Conseil fédéral et les diplomates, qui doivent négocier dans un environnement international d’une complexité désormais inouïe, se retrouvent sabordés sur le plan intérieur, bonjour les dégâts ! Un regard froid montre qu’à part la Russie et la Chine, nous n’avons pratiquement plus d’alliés sur la scène économique mondiale et que, sur le front domestique, une ligue hétéroclite d’opposants est prête à lever la hallebarde dès qu’il s’agit de faire la moindre concession à un partenaire.

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    Lien permanent Catégories : Général
  • Pour un code de bonne conduite des religions à Genève

    Voici le texte intégral de la motion que je viens de déposer concernant le projet de code de la laïcité à Genève. Comme il s'agit d'un sujet particulièrement chaud, controversé et propice aux distorsions et manipulations de tous ordres, je pense qu'il est bon que chacun puisse faire une idée à partir du texte original.
    Bonne lecture!

    Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genève
    considérant :

    -Que Genève est depuis longtemps une terre d’accueil pour des populations aux origines et aux religions diverses ;

    -Qu’il convient d’accompagner ce phénomène par des mesures adaptées plutôt que de le combattre ;

    -Que la Constitution fédérale garantit la liberté de croyance et de conscience (Art 15 : Liberté de croyance et de conscience) et que la Constitution genevoise assure la neutralité religieuse de l’Ecole (Section 9 : Enseignement et recherche, Art 193 : principes)

    -Que l’article 3 de la nouvelle Constitution genevoise est intitulé « laïcité » et qu’il s’agit de la première constitution contenant une telle mention ;

    -Que la nouvelle Constitution ne définit pas la laïcité et qu’il est nécessaire de le faire pour l’appliquer concrètement ;

    -Que la laïcité, ancrée dans la société genevoise depuis le 19ème siècle, doit être adaptée à l’évolution du monde moderne ;

    -Que la laïcité revient fréquemment dans le débat depuis une vingtaine d’années avec notamment la question du port des symboles et habits religieux;

    -Qu’à cet égard, on ne déplore à Genève ni atteinte à la paix religieuse ni atteinte à l’ordre public ;

    -Que les cantons sont compétents pour réglementer le port des symboles et habits religieux pour autant que cette restriction de la liberté religieuse soit fondée sur une base légale suffisante, qu’elle soit justifiée par un intérêt public prépondérant, qu’elle soit proportionnée au but visé et qu’il n’y ait pas atteinte à l’essence de ce droit fondamental (art. 36 de la Constitution fédérale : Restriction des droits fondamentaux).

    -Que l’élaboration d’une loi inutilement restrictive contribuerait à raviver les tensions voire à discriminer toute une frange de la population ;

    - Qu’il est essentiel d’identifier les comportements religieux de nature à troubler l’ordre public et la paix confessionnelle avant de légiférer sur ces questions;

    Le Grand Conseil invite le Conseil d’Etat

    - A appliquer l’article 3 de la Constitution genevoise en élaborant, en concertation avec les représentants des différentes confessions religieuses recensées à Genève, un « code de bonne conduite » fixant les usages et comportements à adopter pour respecter la laïcité dans les écoles et établissements à caractère public ;




    EXPOSÉ DES MOTIFS


    Mesdames et
    Messieurs les députés,

    Nos sociétés se mondialisent et des populations d’origines diverses s’installent sur leur sol. Ce phénomène n’est pas nouveau à Genève, terre qui cultive une tradition d’accueil depuis longtemps. Hier comme aujourd’hui, Genève a su accueillir les nouveaux arrivants et assurer une coexistence harmonieuse des différentes composantes de sa population. Cette réussite en termes d’intégration fait d’ailleurs sa richesse et sa renommée. Ce que souligne aussi le préambule de la nouvelle Constitution.

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