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Planète bleue - Page 73

  • Tout est devenu propagande

    Début septembre, le directeur général du groupe Al-Jazira était invité à la Fête de la communication, ce qui avait suscité un émoi ma foi assez compréhensible dans la mesure où le groupe est fortement suspecté de faire la promotion des Frères musulmans. Mais ce qui a le plus frappé l’auditoire, c’est le talent et la force de conviction qu’il a mobilisés pour défendre la cause de l’information, du journalisme et des journalistes arrêtés, emprisonnés, torturés out tués dans la pratique de leur métier. Un de ses collaborateurs emprisonné de longues années pour rien à Guantanamo l’accompagnait d’ailleurs. Et quand il a affirmé avec aplomb qu’Al-Jazira était plus objective que la BBC, beaucoup sont restés bouche bée.
    Tout simplement parce que, dans un certain sens, c’est très vrai.
    Pour notre génération, la BBC est un modèle d’objectivité et de professionnalisme. Mais il faut dire c’était, car elle ne l’est plus. Pas plus que le Financial Times ou l’Economist sont des modèles du journalisme économique, tant ils se sont vendus à l’école économique dominante, celle de l’offre, de l’austérité et de la finance, celle qui accapare les Prix Nobel d’économie et qui abreuve de ses commentaires les colonnes de la presse économique. La distance critique, le scepticisme méthodologique, le questionnement maïeutique, la curiosité d’aller voir de l’autre côté du miroir, tout cela a disparu corps et bien. L’information économique se résume à chanter les louanges du libre marché et à condamner aux enfers la redistribution des richesses et la régulation étatique en entrelardant ces refrains de commentaires boursiers et de résultats semestriels des entreprises.
    Cette évolution est la même dans tous les grands médias occidentaux qui ont faisaient jadis notre fierté.

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  • Faut-il maudire Al Jazeera?

    A l'occasion de la 17e Fête de la communication qui aura lieu vendredi
    prochain 5 septembre à la Pastorale, le Club suisse de la presse a
    effectivement invité le directeur général de la chaine qatarie Al Jazeera à
    venir parler de sa chaîne et des défis auxquels sont confrontés les
    journalistes dans les pays arabes.
    Cette initiative a suscité quelques réactions, notamment de la part de
    Mireille Vallette, sur son blog "Boulevard de l'islamisme".
    Ce débat me semble plutôt sain, même si, comme tout le monde, je préfère les
    éloges aux critiques. De quoi parle-t-on? Al Jazeera, qu'on l'aime ou pas,
    est devenue en quinze ans la chaine arabophone qui compte et l'une des TV
    les plus influentes du monde avec quelque 270 millions de téléspectateurs et
    plusieurs centaines de journalistes professionnels. C'est d'ailleurs pour
    cela qu'on la craint et qu'on la conteste! On l'encensait hier en Occident
    quand elle couvrait les printemps arabes mais on la réprouve aujourd'hui
    parce qu'elle continue à suivre l'actualité des mouvements islamistes qui
    ont été démocratiquement élus comme ce fut le cas en Tunisie, en Egypte ou à
    Gaza en 2007 avec le Hamas.
    Durant ces dernières années, la chaîne a perdu plusieurs de ses journalistes
    morts ou assassinés.

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  • La grandeur (presque) perdue de la presse

    On le sait, à chaque nouvelle crise depuis vingt ans, la presse et les médias diminuent comme peau de chagrin. Baisse des revenus publicitaires par-ci, concurrence croissante d’internet par-là, tout conspire à rendre le journalisme plus docile, les journaux plus étiques et l’information télévisée plus banale. Et la profession de se lamenter sur la grandeur perdue de la presse d’antan.
    Tout cela est sans doute vrai. Mais ce qui frappe le plus dans le marasme ambiant, c’est la complaisance des moyens d’information à l’égard des puissants. Pas des pseudo-puissants, mais des vrais puissants, ceux qui détiennent la richesse et le pouvoir et qui instrumentalisent les médias, les partis politiques et les parlements par le biais de lobbies grassement payés.
    La crise ukrainienne a montré à quel point les médias étaient littéralement intoxiqués par des manipulateurs d’opinion bardés de diplômes, ayant pignon sur rue et cartes de visites au nom d’un think tank aussi ronflant que l’origine de leurs fonds est floue. Combien d’experts tout droit sortis d’une officine bruxelloise à forte consonance anglo-saxonne n’a-t-on pas entendu pérorer dans les médias pour justifier les ingérences occidentales et dénoncer les opérations militaires sous couverture russes ? Tout cela à grands renforts d’explications stratégiques et de considérations démocratiques destinées à mieux faire oublier le caractère profondément illégitime du régime de Kiev et à mettre en évidence « l’illégalité des séparatistes ». Il est vrai que marteler « l’armée régulière ukrainienne cherche à rétablir l’ordre légal face aux séparatistes de la République auto-proclamée du Donetsk soutenue par l’espion Poutine » sonne assez différemment que « les chars du régime putschiste de Kiev guidés par les instructeurs de la CIA ont tiré sur la foule et abattu des manifestants du Donbass ». Comme par hasard, les tenants du nouvel ordre ukrainien font complètement silence sur un gouvernement qui n’a pas plus de légitimité – et sans doute beaucoup moins puisqu’il n’a même pas été adoubé par referendum – que l’annexion de la Crimée par la Russie.

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